lundi 27 décembre 2010

Chapitre 6 : Pour le meilleur et pour le pire (Partie 1)


POV Bella :

A mon réveil, ce matin, je sentais un poids énorme peser sur mon cœur. Serait-ce la culpabilité ? Culpabilité de me marier avec un homme que je n'aime pas ? Culpabilité de lui avoir menti, de l'avoir trompé ? Ou bien culpabilité de laisser derrière moi un homme dont je suis follement amoureuse ? Je l'ignorais. Ce que je savais par contre, c'était que cette journée serait un cauchemar. J'avais bien sûr repensé à la proposition d'Edward, mais je m'en voulais d'être comme une de ces femmes qui vont se satisfaire ailleurs quand leurs maris ne les comblent pas. Bien sûr, il ne s'agissait pas seulement de sexe entre Edward et moi. Je chassai ses pensées lorsque j'entendis la porte du bas claquer et des pas dévaler l'escalier. Je me cachai sous ma couette, espérant qu'elles m'oublient. Bien entendu, c'était mal connaître Alice et sa passion pour Barbie Bella.

- Allez debout là dedans petite marmotte, j'ai du boulot.
- Alice laisse-moi tranquille. Il est huit heures de matin et je ne me marie qu'à quinze heures.

Elle tira la couette de dessus mon visage et ouvrit grand sa bouche sans jamais la refermer. Au bout de deux minutes je commençai à m'inquiéter. Est-ce que des champignons avaient poussés sur mon visage pendant la nuit ?

- Quoi ?
- Mon Dieu Bella, mais tu as vu ta tête !

Son air hébété m'angoissa sérieusement. Je me levai alors d'un bond et me précipitai dans la salle de bain. Alice m'y rejoignit et j'inspectai mon visage dans le miroir. Je ne vois rien. Aucune marque, aucun bouton. J'ai certes les yeux un peu gonflés d'avoir tant pleuré mais à part ça rien de vraiment choquant. Je me retournai vers Alice.

- Mais je ne vois rien…

Elle prit un air outré et s'approcha de moi, me faisant tourner le visage vers le miroir.

- Mais enfin Bella, tu as les yeux tellement rouges et gonflés qu'on dirait qu'on t'a collé deux tomates dedans. Et je ne te parle pas des cernes… C'est pas sérieux ça ! Je ferai de mon mieux mais si tu bousilles mon matériel de base, ça peut pas coller.

Je poussai un soupir.

- Alice, il est bien trop tôt pour parler de mes nuits blanches. Et d'ailleurs si t'étais pas si sadique, tu m'aurais laissée dormir un peu plus afin que je rattrape mon sommeil et que je ne m'endorme pas devant le prêtre.
- Aucune chance, je te mettrai des coups de bouquet si tu fais ça !

Elle m'arracha un sourire. Elle était bien la seule qui pouvait me détendre durant cette fatidique journée. Pas la seule mais tu as fait ton choix Isabella… Adossée au chambranle de la porte, j'aperçus Rosalie. Elle avait une mine particulièrement renfrognée. Super ! Je vais en plus devoir supporter sa mauvaise humeur!
 Je décidai de faire le premier pas et d'emprunter le chemin de la paix. Mais c'était sans compter sur son attitude désinvolte.

- Bonjour Rose

Elle ne me répondit pas et se dirigea vers ma chambre. Cette journée va vraiment être géniale ! Alice me prit la main et me fit un petit sourire réconfortant en me dirigeant à son tour vers ma chambre. Je trouvai Rosalie, assise sur mon lit, le nez dans un magazine de mode.

- Tu comptes m'ignorer toute la journée ? Je dis ça parce que tu es la demoiselle d'honneur d'un mariage et non d'un enterrement.

Elle ne daigna pas relever les yeux de son stupide magazine et me répondit froidement.

- C'est du pareil au même !
- Je n'arrive pas à comprendre pourquoi tu adoptes un comportement pareil avec moi. Qu'ai-je fait pour que tu m'en veuilles autant ?
- Ce que tu as fait ou ce que tu t'apprêtes à faire. Merde enfin Bella ! Ouvre un peu tes grands yeux de biche effarouchée. Tu t'apprêtes à épouser Jacob, que tu n'aimes pas et que tu as trompé et à tourner le dos à Edward, que tu aimes profondément.

Je devais avoir un air surpris sur le visage puisqu'elle continua dans sa lancée.

- C'est marqué en gros et en rouge sur ton front. Je te connais mieux que tu ne te connais toi-même, Bella et je refuse de te voir gâcher ainsi ta vie.

A ces mots, les larmes reprirent leurs droits. J'éclatai en sanglots et me laissai glisser le long de la porte de ma chambre.

- Pourquoi tu me fais ça Rose ? Tu ne crois pas que je me sens déjà assez coupable ? Ne peux-tu pas accepter ma décision?
- Je suis désolée Bella, mais tu vas faire souffrir tout le monde en faisant ça. Que crois-tu que Charlie pensera quand il saura que tu as trompé Jake ?
- Il ne saura rien si personne ne le lui dit.
- La vérité finit toujours par éclater. Sois réaliste.

Je levai la tête vers Rose et la vis fermer ses yeux et prendre une profonde inspiration.

- Ecoute Bella, je serai là pour toi aujourd'hui. Je serai toujours là pour toi quoi qu'il arrive et je respecterai tes choix mais ne me demande pas de les approuver.

Face à cette touchante déclaration, mes larmes se multiplièrent. Je me tournai vers Alice, qui était restée silencieuse pendant notre altercation. Des larmes roulaient le long de ses joues. Je m'en veux tellement de leur faire ça ! Sans le vouloir je les oblige à mentir… Je cachai ma tête dans mes genoux et quelques secondes plus tard, je sentis deux paires de bras venir m'enlacer. Nous pleurâmes toutes les trois pendant un long moment dans les bras les unes des autres.

Au bout de ce qui me parut être des heures, nous nous relevâmes et Alice m'envoya me doucher. J'attrapai discrètement mon portable et me dirigeai vers la salle de bain. Alice m'avait donné, comme elle aimait à les appeler, « mes dessous nuptiaux » et mon peignoir pour seul vêtement. Je n'avais encore jamais vu ma robe. A chaque fois que je l'avais essayée, elle m'avait bandé les yeux. Je me repostai un moment face au miroir. J'avais vraiment une tête à faire peur. A part un miracle tout le monde verra que j'ai pleuré
Je me saisissais ensuite de mon portable et tapai un petit message que je lui envoyais.

« Le souvenir du bonheur n'est plus du bonheur, le souvenir de la douleur est de la douleur encore. (1)»

Je savais que cette journée serait aussi difficile pour moi que pour lui. Je pénétrai ensuite dans la cabine de douche et laissai l'eau chaude détendre mes muscles crispés. Mon esprit vagabonda à mille lieux d'ici. A chaque fois que je fermais mes yeux, je revoyais son visage, ses bras m'enlaçant, ses mains chaudes sur ma peau laiteuse, sa bouche se mouvant tout contre la mienne… Je savais que je n'avais pas le droit d'accepter sa proposition mais c'était si tentant que je me demandais comment j'allais pouvoir refuser. Nous n'avions même pas discuté de son mariage à lui. Allait-il lui aussi tenir ses engagements ?

La sonnerie de mon téléphone m'annonçant un nouveau message me sortit de ma léthargie. Je m'empressai de sortir de ma douche et de m'emmitoufler dans une serviette chaude. Je me dirigeai vers l'étagère où j'avais posé mon mobile et le saisis. J'ouvris le message et le lus rapidement. Mon sourire s'effaça.

« Le cœur d'une femme est une partie des cieux, mais aussi comme le firmament, il change de jour comme de nuit. (2) »

Une chose était certaine : il était en colère. Je ne pouvais décemment pas le lui reprocher. Après un ultime regard à son texto, j'éteignis mon portable et me saisis de mes dessous et de mon peignoir. Je les passai après avoir enlevé ma serviette que j'enroulai autour de mes cheveux. Je sortis de la salle de bain, prête à affronter la torture qui m'attendait avec Alice.

Lorsque je pénétrai dans ma chambre, je stagnai un moment sur le seuil. Ce n'était plus ma chambre. Alice l'avait transformée en institut de beauté et Rose s'évertuait à ranger les quelques affaires qu'il me restait dans un carton. Charlie le donnerait à Jake dans la matinée pour qu'il l'emmène dans notre nouvelle maison. Je n'avais pas eu le droit de découvrir les lieux. Jacob tenait à m'en faire la surprise. Je me rappelai avoir été quelque peu fâchée par cette décision. Après tout l'achat d'une maison était une étape importante pour un couple et j'aurai aimé donner mon avis sur la question.

Je revins à la réalité quand je sentis Alice m'arracher le bras pour me faire asseoir sur un tabouret de coiffeuse, très kitch, recouvert de velours rose bonbon. Je n'en croyais pas mes yeux. Je priai intérieurement pour que celui-ci ne fasse pas partie de mon nouveau mobilier.

- Bon très bien Bella, je vais commencer les masques de peau et…
- LES masques de peau !
- Oui LES ! Et crois-moi, tu en a besoin si tu ne veux pas ressembler à ma grand-mère pour ton mariage.

Je me renfrognai et boudai face au miroir.

- Et ne boude pas, ça va te donner encore plus de rides.

Je lui fis un petit sourire ironique et fermai mes yeux en expirant profondément. Je me laissai ensuite aller aux sensations. Finalement c'est agréable ! Alice m'expliqua qu'elle avait une amie qui avait une amie et qui avait une amie qui était masseuse et qui lui avait appris quelques trucs. Tout en me massant plusieurs parties du visage, elle me parla des points de connexion de nos chakras. Au bout de quinze minutes, je ne l'écoutais plus et laissais mon esprit vagabonder. Toutes mes pensées allaient vers un seul homme. Et à mon plus grand damne, ce n'était pas vers mon futur mari.

Au bout de ce qui me parut être des heures, Alice me secoua l'épaule.

- Et bien merci Bella, je vois que ma vie à New York te passionne.
- Oh pardon Alice, mais j'avais tellement sommeil et puis tu m'as fait tellement de bien avec tes massages faciaux.
- Oui c'est vrai que je suis douée. Je pense que je vais tenter ça sur Jasper, un de ces soirs.
- Pourquoi ? Apparemment tu n'as pas besoin de ça pour avoir de multiples orgasmes.

Rosalie et moi rîmes et Alice prit un air offusqué sur le visage.

- Isabella Marie Swan, ce n'est pas très beau de te moquer, il me semble que je ne suis pas la dernière à avoir pris mon pied.

Mon rire se stoppa immédiatement. Le nœud qui nouait mon estomac se serra un peu plus.
Alice et Rosalie durent s'apercevoir de mon changement d'humeur et s'arrêtèrent toutes les deux de rire.

- Oh Bella pardon ! Ce n'est pas ce que je voulais dire.
- Ce n'est rien Alice. Ne t'en fais pas. Ca va aller.

Rosalie ne dit rien mais m'adressa un sourire forcé. Je savais qu'elle se retenait pour moi et je lui en étais reconnaissante. Je ne voulais pas me prendre la tête avec ma meilleure amie, le jour de mon mariage de surcroît.

Cette dernière se posta derrière moi et s'occupa de mes cheveux pendant qu'Alice s'attaquait à la partie maquillage. Rose boucla mes cheveux mais les laissa lâches.

Quand à Alice, elle me fit un maquillage discret dans les tons rose pâle. Elle m'entraîna ensuite vers une immense housse de vêtements. Cette dernière était accrochée par un cintre en haut de mon armoire. Rosalie se posta près de moi et Alice en véritable maîtresse de cérémonie, fit durer le suspense.

Elle hissa ensuite ses petits doigts vers la fermeture éclair et la dé-zippa tout doucement.

Lorsqu'elle fut enfin ouverte, ma meilleure amie en écarta les deux pans et en sortit une pure merveille.
Ma robe était magnifique. Elle avait un aspect froissé qui lui donnait un air contemporain. Elle était bouffante sans faire meringue. Alice m'avait fait une traîne pas trop longue comme je le lui avais demandé. Il y avait un joli drapé au niveau de la jupe qui en faisait la robe de mes rêves. J'avais toujours voulu être une princesse pour mon mariage et avec cette robe mon vœu était exaucé. J'étais complètement conquise par cette merveille. Le bustier était même piqué de délicates fleurs, un vrai travail d'orfèvre. Lorsqu'Alice la décrocha du cintre, je m'en approchai et touchai la matière. Elle avait fait des folies en mettant de la soie. Dans un silence presque religieux, elle défit le laçage du bustier et se baissa pour que je passe mes pieds dans l'ouverture. J'enlevai mon peignoir et le passai à Rose qui semblait … émue ?!

Alice remonta la robe délicatement et passa les bretelles sur mes bras. Celles-ci s'arrêtaient au niveau de mes épaules. Elle passa ensuite dans mon dos et rattacha les lacets du bustier. Je fis ensuite face au miroir et sentis les larmes perler au coin de mes yeux. Alice et Rosalie le virent et m'entourèrent de leur bras pour un câlin. La journée allait être rude !

POV Edward :

A mon réveil ce matin, je sentais un énorme poids sur mon cœur. Je ne pouvais supporter l'idée que ma Bella en épouse un autre. Mes pensées divaguaient vers notre moment de la veille. Jamais je n'avais pleuré pour une fille. Elle m'avait complètement retourné le cerveau. Elle était entrée dans ma vie tel un astéroïde entre en collision avec La Terre. Elle avait chamboulé toute ma vie.

Mon flot ininterrompu de pensées se stoppa lorsqu'Emmett surgit dans ma chambre.

- On ne t'a jamais appris à frapper
- Et maman qui dit que c'est moi l'ours ! Alors Winnie, t'as pas eu ton pot de miel ce matin ?
- Dégage Emmett
- Monsieur est bien grognon ! C'est Bella qui te met dans des états pareils ?

Je soufflai d'exaspération. Mon frère tapait exactement là où ça faisait mal. Rien que d'entendre son prénom déchirait mon cœur.

- Qu'est ce que tu veux Em' ?
- J'ai besoin d'une cravate !
- Une cravate ? C'est bien une des premières fois que je te vois déguiser en pingouin.
- Oui je sais, je fais un effort pour Rose.
- Pour Rose ? Ne me dis pas que tu…
- Ecoute Edward, accompagne-moi.
- Hors de question ! Voir la femme de ma vie en épouser un autre.
- Et tu t'es jamais dit qu'elle pouvait te faire un remake de Julia Roberts dans « Just Married » ?

Je regardai mon frère avec de grands yeux ronds. Comment connaissait-il le film « Just Married » ?

- Oui je sais ce que tu penses mais c'est pas ce que tu crois. Maman m'oblige à regarder ses films ringards avec elle.

Je lui fis un sourire moqueur.

- Je te jure que si tu oses répéter ça a qui que ce soit, tu seras obligé de bouffer avec une paille toute ta vie.

Cette fois, je ris franchement. Ca faisait du bien de se détendre un petit peu. Emmett rigola avec moi.

- Bon qu'est-ce qu'il te faut ?
- Ben un truc classe je suppose…

Je lui tendis une cravate noire et simple. Emmett me lança un regard qui disait « Et c'est avec ça que je vais paraître classe ».

- Rien ne vaut le noir et blanc, crois-en mon expérience.
- Ok merci frangin.

Mon frère baissa la tête et je pouvais le voir remuer et tortiller la cravate autour de ses doigts.

- Tu veux autre chose ?
- Et bien je voulais savoir si tu ne voulais vraiment pas venir…

J'expirai longuement et m'assis sur mon lit. Je pris ma tête entre mes mains et secouai la tête négativement pour faire comprendre à Em' que ma décision resterait inchangée.

- Je ne peux pas Em', c'est un crève cœur pour moi. Je veux dire… J'ai juste envie de fracasser la tête de ce type contre le béton pour me prendre la femme de mes rêves.
- Wow ! Tu vas pas devenir tueur en série ou un truc dans ce genre ?

Je relevai ma tête et souris tristement.

- Non rassure-toi. Je ne vais pas aller prendre une hache pour faire un remake de massacre à la tronçonneuse. J'ai juste besoin d'être seul. Je vais probablement travailler ma musique toute la journée. Toi, profite de ta Rose. Elle repart bientôt pour New York, non ?

Emmett m'avait quelque peu parlé des filles. Je savais que Rose et Alice partageaient un appartement là-bas et j'avais aussi appris que c'était le rêve de Bella, de les rejoindre. Un rêve qui ne se réalisera jamais ! Emmett me donna une tape dans le dos et me sourit.

- Si tu changes d'avis, tu sais où nous trouver.
- Merci Em'.
- Merci de quoi ? J'ai pas réussi à rendre mon petit frère heureux…
- Ce n'est pas de ta faute. C'est le destin. Ca devait se passer comme ça.
- Mouais…

Il quitta ma chambre avec un air triste sur le visage. La rage et la colère refirent surface dans mon esprit. Je détestais plus que tout faire souffrir les gens que j'aime. Je serrai les poings si fort que mes jointures blanchirent. La sonnerie de mon téléphone m'extirpa du cercle de haine que je m'étais construit. Je m'en saisis et ouvris le message. Il était de Bella.

« Le souvenir du bonheur n'est plus du bonheur, le souvenir de la douleur est de la douleur encore. »

Je reconnus immédiatement cette citation. Comment pouvait-elle connaître la douleur ? Elle aurait pu éviter tout cela si elle avait rompu ses fiançailles. C'était de sa faute si j'étais malheureux à en crever. Du tac au tac, je répondis à son message par une citation du même auteur.

« Le cœur d'une femme est une partie des cieux, mais aussi comme le firmament, il change de jour comme de nuit. »

Je refermai ensuite le clapet du téléphone et le balança violemment au sol. Comment allais-je contrer cette douleur qui se répandait dans tout mon être et dans tout mon cœur comme la pire des gangrènes ? Je m'allongeai sur mon lit et serrai l'oreiller sur lequel elle avait dormi, il y avait deux nuits de cela. Il portait toujours son parfum. Je m'en enivrai et sombrai alors dans un profond sommeil.

Lorsque je me réveillai, je m'aperçus que j'avais dormi plus de cinq heures. Je me levai et descendis à la cuisine prendre un verre d'eau. Pas un bruit ne résonnait dans la maison. Mes parents avaient dû sortir se balader et Em' devait probablement être à l'église à l'heure qu'il était. M'approchant du bar, j'y trouvai un Post-It !

Sois proche de tes amis mais encore plus de tes ennemis.
La cérémonie est à quinze heures, si tu changes d'avis ! ;)

Emmett ne déciderait donc jamais de lâcher l'affaire. Mais s'il avait raison ? Et si le fait de me voir à la cérémonie de son mariage provoquait en elle un déclic ! Je ne pouvais pas passer à côté de la dernière chance qu'il me restait d'être auprès d'elle. Je filai à la salle de bain pour une douche rapide. En sortant, je m'inspectai dans le miroir. Je ne m'étais pas rasé depuis deux jours mais cela ne faisait pas désordre. Je ne perdis donc pas plus de temps et enfilai un costume Armani très simple et une chemise blanche. Je m'abstins de porter une cravate. Après tout je ne partais pas assister aux festivités. Et avec de la chance celles-ci seraient vite écourtées. Une fois prêt, je jetai un dernier coup d'œil au miroir avant de dévaler les escaliers de l'entrée. J'ouvris la porte à la hâte et me trouvai nez à nez avec mes parents.

- Mais mon Chéri où cours-tu comme ça ?
- Pas le temps Maman. Je t'aime.

Je me glissai à l'intérieur de ma Volvo et pris la direction de la chapelle. Je quittai le quartier résidentiel afin d'emprunter la route qui me mènerait vers le centre ville.

Jamais je n'avais roulé aussi vite. Je ne pouvais pas arriver en retard, c'était ma dernière chance de la convaincre.

Lorsque j'arrivai à proximité, je vis un attroupement de voitures. Je décidai donc de me garer plus loin et de rejoindre l'église à pieds. Je scrutai la foule qui s'amassait et essayait de la repérer au milieu des tous ces gens. Et si elle était déjà à l'intérieur ? Si j'avais perdu toutes mes chances ? Soudain comme un rêve, je la vis sortir d'une Mercedes noire. Elle était divine dans sa robe blanche. Je restai immobile un instant à la dévorer du regard. J'aimerais tellement être à la place de ce Jacob. Mon regard croisa un moment celui de Rosalie. Je la vis se pencher vers ma douce et lui murmurer à l'oreille. Puis elle se retourna brusquement. Je ne fis pas un geste de peur de briser la magie de ce moment. Je la vis s'avancer vers moi. A un moment, elle s'arrêta et je crus qu'elle allait faire demi-tour mais elle tourna simplement la tête en direction de Rosalie. Celle-ci hocha la tête discrètement. Bella se retourna de nouveau vers moi et traversa la route qui nous séparait.

Lorsqu'elle fut près de moi, j'avais l'envie irrépressible de toucher sa peau. Je joignis le geste à la pensée et caressai sa joue du bout des doigts. Mes yeux se noyèrent dans un océan chocolat.

- Tu es tellement… belle.

A ces mots, d'adorables rougeurs firent leur apparition. Elle baissa la tête comme honteuse de ses propres pensées.

- Bella dis-moi ce à quoi tu penses.
- Je pense à toute la peine que je te fais ressentir. Si tu savais comme ça m'est pénible de jouer toute cette mascarade aujourd'hui.
- Alors ne la fais pas ! Pars avec moi. Je t'en supplie…
- Je ne peux pas Edward. Il m'est insoutenable de te faire de la peine mais il m'est également insoutenable d'en faire à Jacob et à mes parents.
- Mais ce ne sont pas tes parents qui épousent ton fiancé.
- Edward, toute sa vie mon père a rêvé de ce jour. Je ne peux pas le décevoir, pas maintenant, je suis désolée.
- J'aurais essayé…

Je lui adressai un maigre sourire. Je rompis le contact charnel entre nos deux peaux et reculai d'un pas, meurtri par sa décision.

- Pourras-tu me pardonner un jour ?
- Je n'ai rien à te pardonner. C'est moi qui suis désolé d'être tombé sous ton charme. Je ne renie cependant pas la proposition que je t'ai faite hier soir. Si tu le décides, je suis prêt à devenir ton amant. Je suis prêt à tout pour toi Bella. Je t'aime trop pour t'abandonner.

Je vis des larmes coulées le long de ses joues roses. Je me rapprochai alors d'elle et la serrai contre mon torse.

- Ne pleure pas ma Bella. Je t'en supplie. Il m'est impossible de te savoir rongée par le chagrin. Tu as des devoirs envers des gens et je le comprends aisément. Je n'abandonnerai jamais.

Je lui fis un dernier baiser sur le front et m'éloignai à grand pas d'elle. Je ne devais pas craquer devant elle, sous peine de lui faire encore plus de mal. Je montai dans ma voiture et démarrai en trombe. Je décidai de me rendre dans l'endroit le plus inoubliable de ma vie. Cet endroit où j'étais tombé amoureux d'un ange.

POV Bella :

Après l'avoir vu, mon cœur se serra, il était magnifique dans son costume. Classe et sobre à la fois ! J'avais redouté un moment qu'il soit venu assister à la cérémonie. Je savais que je serais incapable de dire « Oui » si je le savais dans l'assemblée. Mais ce n'était pas dans ses intentions et je ne pouvais que le comprendre. Si j'étais à sa place, serais-je capable de regarder l'homme que j'aime au plus profond de moi-même en épouser une autre ? La réponse est sans conteste non !

Je n'avais pu empêcher les larmes de couler. Le voir si malheureux me déchirait littéralement le cœur. Si je n'avais pas été si égoïste, j'aurais mis un terme à cette relation dés le début avant que les sentiments entre nous n'évoluent et nous dévorent de l'intérieur.

Après l'avoir quitté, je revins vers Rose et Alice qui m'attendaient près de l'entrée de la salle de préparation. Charlie devait m'y rejoindre avant la cérémonie afin de me conduire à l'autel après avoir récupéré Maman et Phil à l'aéroport.

Alice, fidèle à elle-même, retoucha mon maquillage afin que mon père ne voie pas que j'ai pleuré. J'aurais eu beaucoup trop de mal à jouer la comédie de la future épouse trop émue par son mariage.
Alice et Rose me prirent ensuite chacune leur tour dans leur bras puis me quittèrent.

Me retrouvant seule, je ne parvins pas à penser à autre chose que ce que j'allais faire. Les idées se mélangeaient dans ma tête. A chaque fois que je pensais m'enfuir, les visages de Renée et Charlie m'apparaissaient. Parfois, je l'imaginais aussi faire irruption dans l'église afin de m'enlever et de m'emmener loin d'ici. Cette pensée-ci avait tendance à me faire sourire. Comme à chaque fois que mon esprit dérivait sur cette voie, il revenait inlassablement sur cette plage, la nuit dernière. Je me rappelais chacun de ses gestes, chacun de ses baisers et chacune de ses larmes… Je ne pouvais pas en épouser un autre que lui. Mon cœur s'emballa soudain devant cette constatation. Il fallait que je cesse cette mascarade. Je ne pouvais pas épouser Jacob. Ce n'était pas honnête. J'allais m'enterrer dans un mariage malheureux si je poursuivais sur cette voie. Je m'apprêtais à quitter l'église, certaine de ma décision.

Deux petits coups portés à la porte brisèrent ma quiétude.

- Entrez !

Je vis le visage de mon père souriant, puis le visage de ma mère. Je me levai et allai la serrer dans mes bras.

- Oh ma Chérie, tu m'as tellement manqué.
- Toi aussi Maman, tu m'as manqué !

Ma mère m'avait beaucoup manqué. Elle ne cessait de voyager à travers le pays avec Phil, son nouveau mari. Celui-ci était joueur de baseball et était dans l'obligation de se déplacer souvent mais Renée était heureuse avec lui et c'était tout ce qui comptait pour moi.

- Je ne reste pas longtemps. Je dois aller rejoindre Phil. Je voulais juste t'apporter ceci.

Elle sortit de sa poche un petit écrin noir et me le tendit. Je le pris et l'ouvris délicatement. A l'intérieur se trouvait une petite chaine en argent avec un petit pendentif. Ce dernier représentait une clé à l'intérieur d'un cœur. Il était magnifique.

- C'est de la part de ton père et moi. C'est ta grand-mère Swan qui me l'avait offert lors de notre mariage. Elle m'avait dit de ne jamais fermer mon cœur à l'amour. J'ai discuté avec Rosalie et Alice et elles m'ont dit que tu avais quelque chose de bleu, quelque chose de neuf, quelque chose d'emprunté mais qu'il te manquait quelque chose de vieux. Alors voilà !
- Merci à tous les deux, il est absolument splendide.

Je serrai ma mère dans mes bras, émue par son cadeau. Je ne pouvais cependant pas l'accepter car j'avais pris ma décision. Edward était celui qu'il me fallait et je devais le leur dire. Cependant, l'émotion me trahit et m'empêcha de prononcer un mot. Ma mère finit par s'excuser pour rejoindre mon beau père. Mon père se racla la gorge et je me retournai. J'allais devoir briser ses rêves pour mon bonheur. Soudain, ma détermination flancha légèrement. Ni lui ni moi n'étions à l'aise pour déclarer nos sentiments. Je pris une profonde inspiration pour parler mais il me coupa l'herbe sous le pied.

- Bella, ma chérie… Tu es magnifique…
- Merci Papa. Il faut que…

Il me coupa de nouveau dans mon élan pour m'enlacer et murmurer d'une voix émue.

- Je suis si heureux que tu épouses Jake.

Une chape de plomb s'abattit sur mes épaules. Mes rêves et certitudes se brisèrent en voyant son air bienheureux. Tel un automate, je fis un sourire forcé qui devait plus avoir l'air d'une grimace. Je tentai une nouvelle fois de lui faire part de ma décision mais ce fut vain.

- C'est un garçon solide et qui a la tête sur les épaules. Je suis certain que vous aurez une vie très heureuse tous les deux.

Il m'était impossible de lui avouer mes véritables sentiments. J'allais le briser et je refusais de me montrer aussi égoïste. Mon cœur se brisa en morceaux en imaginant un bref instant la vie qu'aurait été la mienne aux côtés d'Edward. Ne voulant pas que Charlie devine le conflit qui m'agitait, j'utilisai mes meilleurs atouts d'actrice et piétinai les restes de mon cœur pour accomplir le destin que je n'avais plus choisi mais qui était tout de même le mien.

- Papa, tu parles comme si nous n'allions plus jamais nous revoir. Je quitte la maison, pas le pays.
- Oui je sais… Tes petits plats me manquent déjà.
- Je ne serai pas loin et puis rassure-toi. Je ne te laisserai pas t'intoxiquer avec ta cuisine.

Nous rîmes et il me prit dans ses bras pour une étreinte.

- Bella, ce que je souhaite le plus au monde c'est que tu sois heureuse. 
- Je sais Papa.

Je sentais mes yeux s'humidifier. Si seulement il savait qu'en cet instant, j'étais la plus désespérée des mariées. Mon bonheur s'enfuyait avec un homme aux cheveux cuivrés et au regard vert incandescent.

- Je t'aime ma petite fille.
- Je t'aime aussi Papa.
- Il est temps d'y aller.
- Oui…

Il m'embrassa une dernière fois sur le front et nous sortîmes en direction de l'entrée de l'église. Il n'y avait plus personne dehors. Cependant je ne parvenais pas à me relaxer en sachant tous ces gens à l'intérieur. Je détestais me sentir regarder et je savais qu'aujourd'hui allait vraiment être le pire jour de ma vie. Les portes s'ouvrirent et la musique démarra. Tu aurais dû choisir une marche funèbre pour tes noces Isabella ! Je chassai aussitôt ces pensées de mon esprit. Je ne pouvais plus reculer. Pour Charlie, j'allais épouser Jacob et je tiendrai ma promesse. Rosalie et Alice me précédèrent, puis la foule tourna son regard vers moi. Je sentais la nausée poindre le bout de son nez. Devant l'autel, j'aperçus Jake entouré de Sam et Paul, ses deux meilleurs amis. J'avançai pas à pas vers lui. Plus je m'approchais et plus je me sentais vide. J'avais peur de ne pas arriver jusqu'au bout. Ma résolution faiblissait à chaque nouveau pas. J'évitai de regarder les gens autour de moi au risque de prendre mes jambes à mon cou. Lorsqu'il ne restait plus que quelques centimètres entre mon futur mari et moi, je jetai un regard vers Emmett et Jasper. Je ne sais pas ce que j'espérais. Ils me sourirent tristement et si mon père ne m'avait pas tenu le bras aussi fermement, je crois que j'aurais pris la poudre d'escampette.

Une fois arrivés, mon père m'embrassa une dernière fois et tendit mon bras à Jacob. Je fis un sourire crispé à ce dernier. Quand le prêtre commença son discours, je pris une profonde inspiration. Je redoutais particulièrement le moment de prononciation des vœux. Comment pouvais-je promettre à Jake de lui rester fidèle toute ma vie alors que je l'avais trompé deux fois en l'espace de quelques jours ? Comment pouvais-je lui promettre de lui offrir mon cœur alors que je l'avais déjà donné à un autre homme ? Comment pouvais-je être heureuse si Edward n'était pas près de moi chaque jour de mon existence ? La migraine commença à envahir mon cerveau et il me fallut fournir un effort considérable pour suivre les paroles du prêtre.

- Jacob Black, voulez-vous prendre pour épouse Isabella Marie Swan ici présente ? Promettez-vous de l'aimer et de la chérir, dans la joie comme dans le malheur, dans la maladie comme dans la santé, dans la richesse comme dans la pauvreté jusqu'à que la mort vous sépare ?
- Oui je le veux.
- Et vous Isabella Marie Swan, voulez-vous prendre pour époux, Jacob Black ici présent ? Promettez-vous de l'aimer et de le chérir dans la joie comme dans le malheur, dans la maladie comme dans la santé, dans la richesse comme dans la pauvreté jusqu'à que la mort vous sépare ?

Un grand blanc se fit entendre. Je ne savais plus quoi faire. J'étais au moment décisif de ma vie. Je me tournai alors vers Alice et Rose qui me priaient avec leurs yeux d'arrêter tout cela. Mon regard se posa ensuite sur mes parents. A ce moment précis, je pris la décision qui scellerait mon destin pour toujours. Je me retournai vers Jake puis vers le prêtre pour prononcer les mots fatidiques.

- Oui je le veux.

Nous échangeâmes ensuite les alliances et à la fin de la cérémonie, j'eus l'impression de sombrer dans un immense trou noir. Les personnes se succédèrent pour nous féliciter mais tous mes gestes et toutes mes paroles étaient mécaniques. J'avais l'impression d'être déconnectée de mon corps et d'assister complètement impuissante au désastre qu'était devenue ma vie.

Après un défilé incessant de « Félicitations », « Soyez Heureux », « Quel beau couple », la salle se vida. Nous remontâmes enfin l'allée. Quand les grandes portes s'ouvrirent, je fus éblouie par la lumière du soleil, puis par les flashs des appareils photos. On nous lança des pétales de rose. J'avais de plus en plus envie de vomir. Comment le plus beau jour de sa vie devient-il le plus grand cauchemar qui puisse exister ? Pourquoi avais-je fait ça ? C'était Edward qui avait raison. J'aurais pu tout arrêter. Maintenant il était trop tard…

Jake m'entraina dans la voiture que mon père avait louée pour nous. Une folie de sa part ! Il tenait absolument à ce qu'on est une voiture avec chauffeur. Je n'en voyais pas l'intérêt mais il avait insisté. Aucun de nous ne parla pendant tout le trajet. J'étais stressée d'avance par la réception qui nous attendait. Et je l'étais doublement parce que j'allais découvrir la maison qui était devenue mon foyer.
Lorsque la voiture s'arrêta, j'expirai profondément et en sortis. Je restai immobile quelques instants et ne sentis pas tout de suite la présence de Jake à mes côtés.

- Alors comment est-ce que tu la trouves ?
- Elle est…

Je ne trouvais pas de mots. La maison en elle-même était splendide mais j'avais plus l'impression que c'était un palais qu'une maison. J'eus un instant peur de me perdre à l'intérieur.

- … Immense ?
- Oui c'est vrai ! Elle te plait ?
- Elle est superbe vraiment !

Les invités étaient déjà dans le jardin mais Jacob prit ma main afin de me faire visiter notre nouveau foyer.
Nous rentrâmes dans un petit hall, à ma gauche se trouvait un petit salon cosy. A ma droite, il y avait l'escalier qui menait à l'étage. Nous montâmes les quelques marches et arrivâmes au premier étage.

- Il y a quatre chambres et une salle de bain.
- Quatre ?
- Oui nous n'avons jamais parlé des enfants mais au cas où…

Je sentais mes nausées réapparaître. J'avais déjà du mal à me faire à l'idée d'être mariée à Jacob alors de là à faire des enfants, la route allait être longue.

Nous redescendîmes et il me guida vers la cuisine qui se trouvait au fond du couloir. Une immense baie vitrée nous séparait du jardin.

Les gens au dehors étaient moins nombreux, néanmoins je ne parvenais pas à calmer mon angoisse. Nous fûmes accueillis par une salve d'applaudissements. Je n'aurais pas pu être plus mal à l'aise qu'à ce moment. Jacob m'entraîna au milieu des invités. Je me devais de faire bonne figure malgré le nœud à l'estomac que j'avais depuis le début de cette journée.

J'essayai de repérer Rosalie et Alice afin de m'éclipser quand je le vis, entouré d'une ribambelle de filles. Mon cœur se serra encore plus. Je cherchai un moyen de m'éloigner de Jacob et trouvai le moment idéal quand il rejoignit ses amis de La Push.

Je m'approchai alors doucement de lui. Il ne m'avait pas vue ou alors faisait semblant de ne pas m'avoir vue. Il flirtait ouvertement avec toutes ces femmes. Je ne pouvais pas l'en blâmer. Peut-être était-ce sa façon de me punir pour avoir mené mon mariage jusqu'au bout…

Mes yeux se noircirent de colère en voyant toutes ces pimbêches en extase devant lui. Elles avaient toutes la langue pendante et la bave aux lèvres. C'en était affligeant. Je ne pouvais pas être plus jalouse. Lorsqu'Edward daigna enfin relever la tête et qu'il vit mon regard, un petit sourire narquois naquit sur ses lèvres. Les filles autour de nous s'éclipsèrent d'elles-mêmes.

Je voyais son regard parcourir chaque parcelle de mon corps mais je n'en étais pas gênée. Ses yeux s'adoucirent et je retrouvai le regard tendre qui m'était si familier.

- Tu es là !
- Comme tu le vois… La curiosité est un bien vilain défaut… Néanmoins je ne peux pas rester loin de toi.
- Vas-tu rester longtemps ?
- Souhaites-tu que je m'en aille ?
- NON !

J'avais presque crié cette réponse.

- Tu es ma seule bouffée d'oxygène…
- Alors je vais rester. J'ai hâte de voir la couleur de ta jarretière…

Sur ces paroles, il s'éloigna, me laissant complètement abasourdie. Finalement, cette réception n'allait pas être si horrible que ça. Vraiment Isabella ?

(1)Citation de Lord Byron dans l'œuvre « Marino Falieri »
(2)Citation de Lord Byron



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