lundi 27 décembre 2010

Chapitre 2 : Interrogations


POV Bella

Lorsque j'ouvris les yeux ce matin-là, j'avais la sensation qu'un troupeau d'éléphants m'était passé dessus. Je me sentais courbaturée de partout et surtout j'avais l'irrépressible envie de pleurer. C'était idiot de réagir ainsi à quelques jours de son propre mariage mais je n'arrêtais pas de penser à Edward et à la folle nuit que nous avions passée. Un sourire naquit soudainement sur mes lèvres. Je revoyais ses bras autour de moi, ses mains sur mon corps et ses lèvres si douces sur les miennes. Je soupirai de plaisir à cause de ce qui se jouait dans ma tête.

Je n'aperçus donc pas mon fiancé qui se tenait à côté de moi jusqu'à que celui-ci manifesta sa présence.

- Bonjour ma puce.
- Jacob !
- Tu attendais quelqu'un d'autre ?
- Non, non ! Mais que fais-tu ici ?
- Et bien, je suis allé te chercher le petit déjeuner et je me suis dis que j'allais te réveiller d'une façon très agréable …

Il commença à m'embrasser dans le cou puis revint sur mes lèvres. J'ignorais si c'était parce que je pensais à Edward quelques instants auparavant mais j'avais l'impression que les lèvres de mon fiancé étaient fades et sans chaleur. Voyons Bella, cesse de penser à cet Adonis ! Tu ne le reverras jamais ! Il est lui aussi promis à une autre. A cette pensée, mon cœur se serra davantage. Lorsque Jake passa ses doigts sous l'ourlet de mon débardeur, je décidai de le laisser faire afin de m'abandonner à lui en espérant oublier Edward.

Il fit glisser ses lèvres sur mon nombril et sur toutes les parties de mon ventre. Il souffla dessus de façon à me chatouiller légèrement. Il savait que cette sensation me faisait frissonner de plaisir. Jake te connaît mieux que personne, il est celui qu'il te faut. Et pourtant ce matin, mon corps ne réagit pas. Je le sentis pourtant sourire sur ma peau lorsqu'il remonta vers mes seins. Il prit un de mes tétons en bouche, l'aspirant et le mordillant, m'arrachant un gémissement de bien-être. Seulement ce furent deux prunelles vertes qui s'incrustèrent dans mon esprit.

Je posai alors mes mains sur ses joues et le fit remonter vers ma bouche. Nous nous abandonnâmes dans un baiser fougueux, et malgré tout, je ne cessai de penser à Edward. Lorsque je sentis les mains de Jacob passer sous l'élastique de mon bas de pyjama, j'eus des flashs d'Edward caressant chacune des parcelles de ma peau. Ca suffit Bella ! Ressaisis-toi ! C'est avec Jake que tu t'apprêtes à faire l'amour, pas Edward ! J'avais parfois la sensation de devenir folle à me sermonner toute seule.

Pendant mon combat intérieur, je ne m'étais même pas aperçue que mon fiancé m'avait ôté mon pantalon et embrassait mes genoux en remontant dangereusement vers mes cuisses. Ma cuisse ! Mon Dieu ! Je me levai alors d'un seul bond, envoyant, sans le vouloir, un coup de pied à Jake dans l'estomac.

- Aie Bella ! Mais enfin qu'est ce qui t'arrive ? Tu es tendue comme un arc …
- Pardon mais je ne peux pas Jake …
- Comment ça tu ne peux pas ?

Vite il me faut une excuse. Je cherchai mais rien ne me vint à l'esprit.

- Je … J'ai … J'ai rendez vous avec les filles dans un café et je suis hyper en retard …

Bravo Bella, c'est carrément minable comme excuse ! Je vis le visage de Jake passer par toutes les couleurs et revenir au rouge. Il est en colère !

- Quoi ? Tu comptes me laisser dans cet état pour aller petit déjeuner avec tes amies ?

Rectification : il est très en colère ! En parlant de « ça », il pointa habilement la bosse sous son pantalon.

- Je suis désolée Jake. Je n'ai pas le choix. Rosalie m'a fait promettre d'être présente
- Putain ! Mais c'est pas vrai ! Qu'elle se trouve un mec celle-là !
- Jacob, ne parle pas de Rose comme ça.
- Et alors! De toute façon, je sais que tu sais que je sais qu'elle me déteste …

S'il y avait bien une chose que je ne pouvais pas nier, c'était bien ça. Rose détestait Jacob. Ca n'avait pas toujours été comme ça entre eux. Mais depuis que j'avais accepté la demande en mariage de Jake, Rose était devenue parfaitement exécrable avec mon petit ami.

Je jetai un œil à Jake tout en enfilant une petite robe d'été. Il était allongé de tout son long sur mon lit, les mains sur son visage, essayant certainement de penser à quelque chose qui pourrait calmer son excitation. Me sentant légèrement coupable, je lui fis une suggestion.

- Pense à Charlie en train de nous surprendre dans une position compromettante, ça t'aidera peut être …
- C'est pas juste ! J'arrive pas à croire que tu me lâches en plein câlin pour aller retrouver cette vipère.

Je levai les yeux au ciel et après avoir chausser de petites ballerines, j'embrassai rapidement sa tempe et filai sans demander mon reste. Je dévalai les escaliers, lançai un vague bonjour à mon père et sautai dans ma camionnette. Entendre le moteur rugir m'apaisa immédiatement. J'attrapai mon portable dans ma boîte à gant et tapai un rapide message.

Rendez vous au New Moon Café dans une demi heure … C'est important !

(U2 - With or Without you)

Je l'envoyai rapidement à Alice et Rosalie et pris la route en direction du centre ville. J'allumai la radio et me laissai bercer par la voix mélodieuse de Bono. Je me mis alors à penser à la chance que je venais d'avoir. Si Jake avait découvert la marque d'Edward ! Mon Dieu ! Mais où avais-je la tête en couchant avec ce type hier soir ? J'avais le mauvais pressentiment que cette histoire allait mal se finir, même si j'étais à peu près sure de ne jamais recroiser Edward de ma vie. J'allais me marier, finir mes études, trouver un travail et fonder une famille avec Jacob ! Depuis longtemps, mes rêves s'étaient résumés à cela. Et maintenant, cette pensée me semblait lugubre et désespérée. J'étais soudain pleine de doutes. Je ne savais plus quoi faire. Pourquoi faut-il que la vie soit toujours aussi compliquée ?

POV Edward

- Debout Eddychounet d'amour !

Je vais tuer Emmett ! Mon frère avait toujours eu une manière très délicate pour me réveiller. Lorsque j'étais au lycée, il prenait un malin plaisir à débarquer dans ma chambre avec un poste sur les épaules, une casquette à l'envers, imitant ses « idoles » de l'époque : les rappeurs. Il diffusait donc son bruit, car cela ne pouvait être considéré comme de la musique, à fond dès six heures du matin. Bien sur, il s'était permis d'entrer sans attendre la permission. Pourquoi est-ce que j'oublie toujours de fermer ma porte à clé quand je viens ici ?

- Dégage Emmett !
- Ce n'est pas une façon très polie de dire bonjour à son grand frère préféré … Maman ne t'a pas appris les bonnes manières ?
- A moi si mais apparemment, elle a abandonné avec toi !

Emmett m'adressa un large sourire, et m'ébouriffa les cheveux comme à un gamin de cinq ans. Je repoussai mon frère du bras en aplatissant mon oreiller sur ma tête.

- Eddy, Eddy, Eddy ! Tu veux donc mourir étouffé après avoir rencontré la plus belle fille qu'il t'ait été donné de voir !
- Lâche-moi Em !
- Si tu veux mon avis …
- Je ne veux pas de ton avis !
- Tu ne sais donc pas que c'est très impoli de couper la parole à son grand frère ! Je disais donc que si tu veux mon avis, tu devrais revoir cette fille !

A l'évocation de Bella, je me redressai immédiatement et tournai la tête vers mon frère qui s'était assis sur le bord de mon lit.

- Bella…
- Quoi ?
- Elle s'appelle Bella !
- Bouge-toi Edward ! Lève-toi et vas retrouver … Bella !
- Tu oublies un petit détail Emmett. Je suis F-I-A-N-C-E !
- Ne me dis pas que tu comptes sérieusement épouser cette harpie …
- Emmett !
- Non Edward ! Et là je te parle sérieusement. Tu vas gâcher ton existence avec Tanya. Tu ne l'aimes même pas. Réfléchis bien avant de faire la plus grosse bêtise de ta vie.

Je devais reconnaître que mon frère avait raison pour une chose : je n'étais pas amoureux de Tanya. J'éprouvais de l'affection pour elle mais ce n'était certainement pas de l'amour.

- Je t'attends en bas. Maman t'a fait tes pancakes préférés ! Dépêche-toi ou je les mange tous.

Il me fit un clin d'œil et sortit de ma chambre en sifflotant. Mon frère pouvait passer du sérieux aux rires en une seconde. En tout cas, son estomac parlait toujours pour lui !

Je quittai donc mon lit à contrecœur et me vêtis d'un jean et d'un t-shirt. Je descendis les escaliers et sentis la bonne odeur des pancakes aux myrtilles de ma mère. Lorsque je pénétrai dans la cuisine, j'eus l'impression que je n'avais jamais quitté la maison.

Mon père était attablé au comptoir de la cuisine, lisant son journal et sirotant son café. Ma mère était derrière ses fourneaux avec toujours un immense sourire aux lèvres et Emmett était assis à la table de la cuisine, dévorant tout ce qui se trouvait sur son passage.

Je fis donc le tour du comptoir et allai embrasser ma mère sur la tempe.

- Bonjour maman !
- Bonjour mon chéri. Tu as bien dormi ?
- Comme un loir !
- Bonjour Fiston !
- Bonjour Papa !

Je me tournai de nouveau vers ma mère et elle me fit un clin d'œil. Je fronçai les sourcils et lui adressa un grand sourire quand je vis l'assiette de pancakes qu'elle avait planqué sous un torchon pour ne pas qu'Emmett les trouve.

- Merci maman, tu es un ange.

Elle m'adressa un sourire radieux et me tendit l'assiette. Lorsque je m'installai en face de mon frère, celui-ci lança un regard envieux à mon assiette pleine de pancakes et se tourna vers notre mère.

- Hey c'est pas juste ça ! Edward est un vrai petit prince quand il vient à la maison.
- Justement Emmett Cullen ! Ton frère n'est pas souvent à la maison alors je te prierai de le laisser tranquille.

Em me fit de gros yeux. C'était toujours aussi drôle de voir un ours bourru comme Emmett se faire tout petit devant notre mère. Esmée était la seule à avoir autant d'autorité sur lui. Je mordis donc à pleine bouche dans un pancake en le regardant bien droit dans les yeux et en lui adressant un immense sourire.
C'était si bon de revenir à la maison. Pour moi rien n'avait changé. Tanya n'appréciait pas de venir ici. Elle disait ne pas aimer avoir mes parents constamment sur son dos. Elle n'avait simplement jamais grandi dans une famille aimante et ne supportait pas l'attention que ma mère nous portait, à Em et à moi. Nous étions toujours ses petits garçons. Mon père m'avait dit qu'elle avait eu beaucoup de mal à se faire à mon départ pour Julliard. Ce fut la voix de mon frère qui me ramena sur Terre.

- Alors dis-moi Eddy… Tu as passé une bonne soirée hier ?

Il me fit encore un de ses sourires « Colgate » en clignant des yeux de manière suggestive.

- Cesse de m'appeler Eddy !
- Quand c'est Tanya qui t'appelle comme ça, tu ne dis rien. Aurait-elle réussi à dresser notre cher Edward ?
- Emmett Cullen !
- Laisse maman, si ça l'amuse !

Je lançai un regard de reproches à Emmett lui faisant ainsi comprendre que ce n'était ni l'endroit, ni le moment d'avoir cette conversation. Comme pour répondre à ma supplique silencieuse, Emmett s'adressa à moi :

- On doit retrouver Jasper pour déjeuner.
- Où va-t-on ?
- Au New Moon Café, je pense.
- Pas de soucis, préviens-moi dés qu'il arrive.
- Ok frangin …

En attendant l'heure du déjeuner, je décidai de m'isoler pour jouer du piano. Celui-ci trônait toujours aussi fièrement dans un coin du salon. A quelques mètres, se trouvait le vieux rocking chair de ma mère. Elle avait toujours adoré s'y installer afin de m'écouter jouer.

Le souvenir de ma mère tricotant, tout en se laissant bercer par ma musique me fit sourire.
Je m'approchai alors de l'instrument et caressai le bois du couvercle. Lorsque je le soulevai, un sentiment de bien être m'envahit. J'avais parfois la sensation de ne faire qu'un avec cet instrument. Je m'assis donc sur le banc recouvert de velours noir et posai mes doigts sur les touches ivoire.

Je fermai les yeux et visualisai le visage de Bella dans mon esprit. Mes mains coururent instinctivement sur le clavier, jouant une mélodie inconnue à mes oreilles.

Ca ressemblait à une berceuse. Elle était à la fois tendre et passionnée, à la fois joyeuse et mélancolique. Elle avait déchaîné en moi un torrent d'émotions. Comment une inconnue peut-elle me faire autant d'effet ? C'est inconcevable…. Tout ce que je constatais, c'était que je ne savais plus où j'en étais. Que ce soit au niveau de mes sentiments pour Tanya ou pour Bella, de mon futur mariage. Je devais rapidement prendre une décision à ce sujet. Je ne pouvais pas épouser Tanya alors que j'en aimais une autre. Mais de son côté, m'aime-t-elle ? Comment connaître la nature de ses sentiments ? Est-ce qu'elle est prête elle aussi à rompre sa promesse envers son fiancé ? Autant de questions qui pour l'instant ne trouvaient aucune réponse…

POV Bella :

Cela faisait environ vingt minutes que j'étais arrivée au « New Moon Café ». Cet endroit était une mine de souvenirs pour nous. A chaque fois que quelque chose d'important se passait dans nos vies, nous venions ici pour en parler. Rien n'était plus comme avant depuis qu'elles avaient déménagés à New York.
Je m'étais commandée un chocolat viennois, ma gourmandise préférée. Je n'en buvais que lorsque j'étais déprimée.

Pourquoi suis-je déprimée ? Voyons, je vais me marier dans quelques jours avec un homme que je ne suis plus certaine d'aimer. J'ai couché avec un autre homme hier soir, trompant ainsi mon fiancé. Bravo Bella ! Pas vraiment de quoi engendrer une dépression. Juste ce qu'il faut pour m'embrouiller la tête ! Et si pour Edward, je n'étais qu'une fille de passage … Comment pouvais-je connaître ses sentiments à mon égard ? De toute façon, tout ceci n'était pas logique. Il fallait que j'arrête de me focaliser sur le pourquoi du comment et me concentrer sur mon mariage qui aurait lieu comme prévu dans deux jours.

Je devais déjà penser à me faire pardonner auprès de Jake pour la façon dont je l'avais laissé ce matin.
Je fus sortie de mes rêveries par Alice et Rosalie, qui s'assirent en face de moi.

- Peux-tu me dire pourquoi tu m'as sortie du lit à cette heure-là ?
- Rosalie, je te signale qu'il est onze heures passées !
- Soit, mais je ne me suis pas couchée de très bonne heure.
- Comment fais-tu toi pour être debout de si tôt ?

Alice esquissa une moue.

- Enfin façon de parler !
- Les filles, je ne sais plus où j'en suis.
- Serait-ce le futur marié d'hier qui t'a retourné le cerveau ?
Rosalie arborait un immense sourire en me demandant ça. Pour elle c'était une aubaine, vu l'amour qu'elle portait à Jake.
- Je vois que ça t'arrange.
- Bella ! Je te connais depuis toujours et je sais que tu n'es pas amoureuse de Jacob.
- Tu te trompes, j'aime Jake de tout mon cœur.
- Oui tu l'aimes de tout ton cœur, mais pas comme on aime l'amour de sa vie crois-moi. Je le vois dans ton regard.
- Arrête un peu de jouer les voyantes à 4 sous, tu veux ? Tu me répètes ça depuis que j'ai décidé de l'épouser.
- Alice, explique-lui ! Moi j'abandonne. Je serais toujours la méchante sorcière qui n'aime pas le prince charmant …

Je soufflai et levai les yeux au Ciel. Je savais que Rosalie avait fini par convaincre Alice. Facile pour elle, elles vivaient ensemble.

- Ecoute Bella, ce que Rosalie essaie de te dire si maladroitement c'est que …
- Hey ! Comment ça maladroitement ? Je n'ai simplement jamais eu pour habitude de faire des courbettes et de tourner autour du pot.
- Oui ben voilà pourquoi tu la braques sans arrêt contre toi !

Rosalie soupira puis se leva pour aller commander au comptoir. Pendant ce temps-là, Alice me prit la main dans les siennes et me regarda droit dans les yeux. Dieu, ce que je pouvais détester quand elle me faisait ces yeux là ! 

- Bells, bien que je pense que Rosalie est peut être un peu trop brusque, tu dois savoir qu'elle a raison…
- Mais …
- Laisse-moi terminer ! Je pense savoir comment s'est terminée ta soirée, étant donné que nous n'avons revu ni Edward, ni toi après que vous vous soyez éclipsés.

Un violent rougissement s'étira sur mes pommettes.

- Et même s'il est hors de question pour moi de te juger, je pense tout de même que tu devrais reconsidérer les sentiments que tu éprouves pour Jacob.

Je ne trouvai rien à dire à tout ce que venait de m'énoncer Alice. Elle était certes une vraie boule de nerfs, mais elle avait la faculté de lire en moi comme dans un livre ouvert.

- Tu sais Bella, je pense que si tu es heureuse et comblée avec une personne, tu n'éprouves pas le besoin d'aller voir ailleurs.
- Mais je ne suis pas aller voir ailleurs. C'est juste qu'il était là et …
- Je sais, ne t'énerve pas ! Mais en gros ça veut dire la même chose. Ouvre tes yeux avant qu'il ne soit trop tard.

Je restai silencieuse face aux dernières paroles d'Alice. A-t-elle raison ? Suis-je sur le point de foutre ma vie en l'air ? Rosalie revint s'asseoir quelques instants plus tard avec une tasse fumante de café. Elle m'adressa un regard énervé. Néanmoins je pouvais lire beaucoup d'inquiétude au fond de ses iris. C'est de ma faute si mes amies se font du souci ! Il faut que je prenne une décision qui ne fera pas souffrir tout le monde. Mais est-ce vraiment possible ? 

Je ne pouvais pourtant pas m'empêcher de penser à Charlie. Comment réagira-t-il si je lui annonce que je romps mes fiançailles avec Jacob ? Il fondait tant d'espoirs sur ce mariage. Et Renée, elle était si heureuse quand je lui avais annoncé mes fiançailles. Il y avait tant de personnes à prendre en considération dans cette équation.

- Pour une fois Bella, ne pense qu'à toi !

Ai-je réfléchi à haute voix ? Je relevai la tête vers Rose dont le regard s'était adouci.

- Je n'ai pas besoin de te demander à quoi tu penses, parce que je te connais parfaitement.
- De quoi est-ce que tu parles ?
- Toute ta vie tu n'as fait que satisfaire les gens qui sont autour de toi sans penser réellement à toi. Cesse de faire ça ! Charlie et Renée ne te renieront pas parce que tu avortes ton mariage. Les gens ne te tourneront pas le dos parce que tu prends les décisions qui te semblent justes.

Je n'avais pas besoin de parler davantage. Rosalie et Alice savaient décidément très bien me cerner.

- Bon les filles, si on laissait le côté dramatique de la chose !

Rosalie et moi tournâmes toutes deux la tête vers Alice dont le regard était empli de malice et où un petit sourire flottait sur ses lèvres.

- Bella ? Raconte-nous donc ta fin de soirée … Je veux tout savoir …

Rosalie et moi éclatâmes de rire. Alice avait toujours su détendre l'atmosphère. Lorsque nous étions adolescentes, Rose et moi l'avions élue « grande prêtresse de la réconciliation».

- La Terre à Bella !

Alice secouait sa main devant mon visage.

- Que se passe-t-il dans ta tête Bella Swan pour que tu sois sans arrêt en train de rêvasser ?
- Peut-être qu'elle pense qu'Edward est le meilleur coup qu'elle ait connu de sa vie.

Rosalie me fit un petit clin d'œil discret afin de me faire savoir que la crise était passée.
Je me concentrai alors sur Edward, et la nuit que nous avions passée ensemble me revint automatiquement à tel point que je sentis mes joues devenir rouge.

- Mon Dieu, c'était à ce point-là ? Il le faut pour que tu rougisses comme ça. Je veux vraiment tout savoir.
- Alice !
- Allez Bella ne te fais pas prier …
- Bon et bien lorsque je suis sortie pour prendre l'air, j'ai marché sans vraiment savoir où j'allais. Quand j'ai été assez loin pour ne plus entendre que les murmures de la musique, je me suis assise sur le sable et j'ai fermé mes yeux. Je ne l'ai pas entendu arriver. Je me souviens juste de sa caresse sur ma joue pour remettre une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et …
- Quoi ? Tu veux dire que tu avais défait ton chignon ?
- Alice !
- Mais Rose, j'ai passé des heures sur sa coiffure.
- Les épingles me faisaient un mal de chien, et puis de tout ce que je te raconte, tu retiens juste que j'avais défait ma coiffure ?
- Excuse-moi, déformation professionnelle
- Tu es styliste Alice pas coiffeuse
- Allez-vous encore continuer longtemps comme ça ? J'aimerais connaître la suite moi !

Cette fois, c'est Alice et moi qui éclatâmes de rire devant le regard de Rose.

- Rose je crois que tu es vraiment en manque. Ca devient grave si tu te nourris de la vie sexuelle de Bella
- Hey !
- Hey !

Rose et moi nous étions offusquées en même temps. Devant notre mine déconfite, Alice souffla et me fit signe de continuer en mimant une fermeture éclair devant sa bouche.

- Enfin bref, de fil en aiguille, nous nous sommes embrassés et s'en est suivi ce qu'il s'est passé …
- Veux-tu bien reprendre avec les détails jeune fille !

Alice et moi tournâmes nos têtes en même temps vers Rosalie qui passait sa main sur sa gorge comme si elle mourait de chaud. Devant nos visages effarés, elle s'arrêta et plongea son regard tour à tour dans le mien et celui d'Alice.

- Ouais d'accord, je suis vraiment en manque !

Nous partîmes dans un fou rire incontrôlable. Rose n'avait plus confiance en les hommes depuis son divorce avec Royce. Elle ne voulait plus de relation sérieuse et se contentait d'aventures d'un soir.

- Et si vous me racontiez plutôt votre soirée ? Je crois t'avoir vu sourire niaisement au grand baraqué Rose !
- Hey ! Je ne souris pas « niaisement ». C'est un adverbe qui t'est réservé ma chère ! Enfin bref, Emmett est vraiment sexy. Je dois bien le reconnaître !
- Et c'est tout ?
- Ben quoi ?
- Ne me la fais pas à moi Rose. Je te signale qu'on vit sous le même toit et que d'habitude quand tu trouves un mec sexy, tu fais trembler les murs de la maison.

Rosalie se mit à rougir furieusement.

- Tu es vraiment en train de te transformer en Bella numéro deux !
- Hey !
- Hey !

Encore une fois, Rose et moi nous étions exprimées en même temps. Je grimaçais à Alice tandis que Rosalie lui envoyait un coup d'épaule.

- Et puis d'abord, je crois me souvenir que y'a pas que moi qui souriait niaisement hier.

Ce fut au tour d'Alice de rougir aux propos de Rose. Ce n'était vraiment pas leurs habitudes de se mettre dans de tels états quand il s'agissait de garçons. Elles se moquaient toujours de moi quand je le faisais et cette fois ci, je pris un malin plaisir à ricaner de la situation.

- Alors ? Tu racontes ?
- Décidemment tu es vraiment en manque toi ! J'ai passé la nuit avec lui !
- Quoi ?

Rose et moi nous étions écriées au même moment, ce qui fit retourner les têtes d'à peu près toutes les personnes présentes dans le restaurant. Nous reprimes plus bas.

- Toi qui me répète sans arrêt que ce n'est pas ton genre de coucher le premier soir.
- Oui mais là je ne sais pas. Il s'est passé un truc…
- Un truc ?

Je me moquais gentiment d'elle. Elle avait déjà l'air amoureux. Alice n'avait pas non plus été gâtée par la nature en matière d'hommes.

- Cesse donc de te moquer Bella ! Enfin bref, il est génial et c'est un Dieu au lit !

Nous rigolâmes toutes les trois de bon cœur. Ca me faisait tellement de bien de les avoir toutes les deux avec moi. Elles me manquaient tellement.

- D'ailleurs en parlant de ça, j'ai bien cru que c'était la fin pour moi ce matin.
- Pourquoi ?
- Jacob est venu me réveiller et il voulait … Enfin vous voyez ! Je l'ai arrêté juste à temps !
- Je suis la première à reconnaître que faire l'amour à Jacob est répugnant mais pourquoi tu l'as arrêté ?
- Et bien hier soir, Edward m'a … Enfin …
- Ne tourne pas autour du pot !
- Il m'a marquée !

Je sentis mes joues devenir cramoisies face à cette révélation.

- De quel genre de marque tu parles ? Ne me regardez pas comme ça c'est à titre d'informations que je me renseigne et non pour satisfaire mon esprit pervers.
- Et bien … Il m'a fait un … Un suçon à l'intérieur de ma cuisse !
- Isabella Marie Swan !

Je rougis encore plus si cela était possible. Je ne pouvais m'empêcher de penser à cette marque qui ornait ma cuisse. J'aurais voulu la garder afin de me souvenir de cette nuit pour le restant de mes jours. Mais dans quelques jours, elle allait disparaître et emporter avec elle les réminiscences de cette merveilleuse soirée. Les filles remarquèrent alors mon air morose et décidèrent de me changer les idées en parlant d'autre chose. Elles savaient que j'avais une décision lourde de conséquences à prendre et qu'il fallait que j'y réfléchisse sérieusement.

POV Edward :
 
Lorsque j'entendis la sonnette de la porte d'entrée, je sortis de ma transe. Je jouais cette douce et tendre mélodie depuis des heures. Elle hantait mon esprit depuis que j'avais quitté Bella la veille au soir. Je n'arrivais pas à composer une suite correcte. Peut-être restera-t-elle inachevée comme notre histoire ! Je fus tiré de ma rêverie par mon ours de frère et par mon meilleur ami.

- Hey les gars !
- Salut Edward
- Salut Jazz !

Emmett s'était mis à grimacer derrière Jasper en me montrant son sourire. Effectivement au premier abord, je n'avais pas remarqué mais maintenant que j'y prêtais plus attention, je devinais que Jasper n'était pas rentré seul hier soir. Au vu de son sourire, il devait avoir passé une excellente nuit.

- Alors tu nous racontes ?
- Va te faire voir Emmett !
- Oh c'est pas très sympa ça ! Je vous signale quand même que c'est grâce à moi si vous avez pu rencontrer ces filles.

L'humilité de mon frère me surprendra toujours. 

- Que s'est-il passé avec la grande blonde ? Ne me dis pas qu'elle a résisté à ton charme naturel …
Jasper s'était exprimé de façon moqueuse envers Emmett. Il ne répondit pas et partit bougonner dans son coin. Une fois l'homme des cavernes éloigné, je lançai un regard vers Jasper rempli de questions silencieuses.
- Elle est formidable Edward. Je crois que c'est la femme de a vie.
- Wow, t'es déjà bien sûr de toi !
- Elle est si belle, si tendre ! Je suis fou d'elle.

Je vis le regard de mon meilleur ami pétiller de milles étincelles et son sourire s'élargir en repensant à sa dulcinée.

- Et toi dis-moi.
- Je ne sais pas, je ne sais plus Jazz …
- Tu sais que je suis là si tu as besoin d'en parler !
- Ouais merci.

Nous nous donnâmes une accolade virile.

- Bon quand ces mesdemoiselles auront fini de bavasser en vernissant leurs ongles, on pourra peut être y aller. Je meurs de faim moi !

Nous échangeâmes avec Jazz, un soupir lourd de sens. Mon frère pouvait être un gros balourd quand il le voulait mais il avait un cœur gros comme ça !

- Comment fais-tu pour avoir encore faim alors que tu as dévoré une douzaine de pancakes au petit déjeuner, sans compter les brioches, le bacon et les œufs que maman t'a préparés.
- Je suis en pleine croissance moi !
- A 25 ans ?

Nous éclatâmes de rire et nous dirigeâmes en direction du garage. Nous montâmes à bord de ma Volvo et prîmes la route en direction du centre ville.

Je ne savais pas pourquoi mais je sentais une boule se former dans mon estomac lorsque je me garai sur le parking du café.

Lorsque nous pénétrâmes à l'intérieur, mon corps tout entier réagit à son éclat de rire. Elle était là, parmi tous les clients, avec ses amies de la veille. Elle était de dos et mon regard accrocha directement sa magnifique chevelure qui retombait en boucles parfaites dans son dos.

Je vis une petite brune, Alice je crois ! Se pencher vers elle et aussitôt elle se retourna vers moi. Mes yeux plongèrent alors dans son magnifique regard chocolat. Je cherchai alors dans ses prunelles les réponses aux questions qui m'avaient torturé l'esprit toute la matinée. Mais elle rompit la connexion.

La suite se déroula bien vite sous mes yeux, je la vis simplement prendre son sac et se diriger vers l'entrée du café après avoir glissé quelques mots à ses compagnes. Nos regards se croisèrent de nouveau et lorsqu'elle me frôla, un violent courant électrique me traversa le corps. Lorsque je repris mes esprits, je réalisai que seule l'odeur de son parfum régnait dans l'air. Elle avait disparu emportant avec elle tout espoir de sentiments réciproques à mon égard. Mon ange m'a quitté. Elle est partie et mon bonheur avec…


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