mercredi 29 décembre 2010

Chapitre 15 : Coupable d'amour (Partie 2)


POV Bella

- Jake !
- Est-ce que je peux entrer un moment ?
- Heu … oui

Je me poussai légèrement sur le côté afin de le laisser entrer. Je jetai un coup d'œil à Edward qui, entre temps, s'était levé. Ils s'affrontèrent un moment du regard. Je décidai d'opter pour la courtoisie, histoire de détendre l'atmosphère. Tu peux toujours rêver Bella. Même un éléphant rose n'empêcherait pas ces deux-là de se sauter à la gorge !

- Veux-tu boire quelque chose ?
- Non merci, j'étais venu pour discuter mais je vois que je te dérange.
- Écoute Jake il faut qu'on parle de tout ça mais…
- Oui tu as raison, il faut qu'on en parle.

Il quitta le regard d'Edward et plongea ses grands yeux noirs dans les miens.

- Bella, je veux qu'on reprenne tous les deux. Je ne veux pas abandonner notre histoire.

J'entendis un grognement provenir du salon.

- Jake, je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Toi et moi nous ne sommes pas faits l'un pour l'autre.
- Parce que tu crois que tu es faite pour lui ? Tu crois qu'il ne va pas te faire du mal ? Il t'a déjà fait souffrir et regarde où cela t'a conduite…
- Ça suffit Jacob, rentre chez toi !
- Pourquoi ? Pourquoi ne pas parler de ton fabuleux plongeon ?

Je sentis la nausée monter en moi. Il ne fallait pas qu'Edward l'apprenne comme ça. Je fus rassurée lorsque ses bras enlacèrent ma taille. Il ramena une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille et m'embrassa la tempe gauche. Il leva ensuite ses yeux verts vers Jacob et son regard glacial me fit froid dans le dos.

- Elle t'a dit de partir…
- Toi, ne me parle pas…
- Ça suffit ! Arrêtez tous les deux !

Bien sûr, Jacob ne m'écouta pas. Mes nausées revinrent plus fortes que jamais. Si je n'avais pas été soutenue par les bras d'Edward, je me serais sentie mal.

- Tu lui as déjà fait trop de mal !

Edward ne semblait pas comprendre et me regarda avec un air interrogateur. Jacob observa notre échange silencieux et un sourire machiavélique se dessina sur ses lèvres.

- Tu ne lui as rien dit ?
- Non Jake et ce n'est certainement pas à toi de le faire.
- Quoi ? Me dire quoi ? Dîtes-moi ce qu'il s'est passé bon sang !

Edward s'était écarté de moi, ce qui permit à Jacob de s'approcher de lui d'un pas menaçant.

- Tu veux savoir ce qu'il s'est passé ? Il s'est passé que lorsque tu l'as abandonnée pour rentrer épouser ta dulcinée…
- Jake, je t'en prie…

Ma voix n'était qu'un murmure et les larmes roulaient sur mes joues. Mon pire cauchemar se réalisait devant mes yeux. Mon ex-mari ne m'écouta pas et continua son récit.

- Elle s'est jetée dans le vide…

Le silence se fit instantanément après ces dernières paroles. Je n'osai pas lever les yeux vers Edward. J'avais tellement peur d'y lire toute la déception et la peine que je lui avais causé. A ce moment-là, la porte d'entrée s'ouvrit à la volée et j'entendis les éclats de rire de mes deux meilleures amies.

- Bonjour tout le…

Rosalie nous dévisagea tour à tour et lorsqu'elle vit mes yeux pleins de larmes, elle posa ses sacs à terre et se précipita vers moi, suivie de près par Alice.

- Peut-on savoir ce que vous avez ?

Elle lança un regard méprisant à Jake.

- Qu'est-ce que tu fiches ici toi ?
- Je suis venue voir ma femme
- Moi je dirais plutôt ta future ex-femme !
- La ferme Barbie !
- Au fait, comment va Leah ?

Je ne fis guère attention à leur échange. Tout ce qui m'importait c'était Edward. Lorsque j'eus assez de courage pour lever les yeux sur lui, le spectacle qu'il m'offrit doubla mes larmes. J'avais l'impression que l'on était en train de m'enfoncer très lentement un poignard en plein cœur. Sa bouche était à demi ouverte et ses grands yeux verts d'habitude si expressifs semblaient complètement vides. Lorsqu'il prit la parole, il ne m'adressa pas un regard et cela eut pour effet de m'achever complètement. Inconsciemment, je m'effondrai sur Rosalie.

- Je suis désolé. Je dois m'en aller…
- Attends Edward…

Il ne m'écouta pas et s'empara de sa veste avant de filer comme une ombre par la porte. Son départ me redonna vie et je le suivis aussitôt sur le perron pour crier son nom. En vain. Il ne se retourna pas et je m'effondrai en sanglots quand je vis la Volvo démarrer sous les crissements de pneus. Je mis mes mains sur mon cœur espérant bêtement que la douleur s'atténue mais c'était peine perdue. Je remontai alors mes jambes contre ma poitrine et les entourai avec les bras. Je laissai tomber ma tête entre mes mains et pleurai tout mon saoul.

Au bout d'un moment, je sentis des doigts fins me caresser les cheveux.

- Allez viens Bella, ne reste pas là.
- Je… je ne… veux pas… pas le voir.
- Ne t'inquiète pas Rosalie se charge de le mettre dehors. Allez viens rentrons tu vas attraper froid.

Je me levai et suivis docilement Alice qui passa un bras autour de ma taille. J'avais l'impression d'être une petite chose fragile et sans défense à cet instant. J'avais la sensation qu'être loin d'Edward, et de ne pas savoir ce qu'il pensait, me rendait vulnérable. Lorsque nous passâmes la porte, Jake essaya de forcer le barrage que faisait Rosalie pour me parler.

- Bella attends…

Je posais alors mes yeux sur lui et une rage folle s'empara de moi. Je m'avançai vers lui telle une furie et lui hurlai au visage :

- JE NE VEUX PLUS TE VOIR JAKE !
- Laisse-moi-t'expli…

Il n'acheva pas sa phrase sous la gifle que je lui assenai. Une violente douleur traversa mes doigts mais elle se fit vite oublier lorsque je vis la marque de ma main sur sa joue. Rosalie profita de la surprise générale pour envoyer valser Jacob par la porte d'entrée avant de claquer la porte. Elle vint ensuite me prendre dans ses bras et mes deux amies me conduisirent jusqu'à ma chambre car mes larmes étaient revenues en force.

- Allonge-toi un moment, ça te fera du bien.
- Je ne veux… pas… rester seule…

Alice et Rosalie se regardèrent quelques instants et chacune d'elles prit place sur le lit à mes côtés. Nous nous retrouvâmes comme quand nous étions enfants. Rosalie me caressait les cheveux pour que je m'apaise tandis qu'Alice dessinait des cercles imaginaires sur la paume de ma main. Épuisée par ma journée, mes doutes, mes pleurs, je sombrai dans un sommeil sans rêves et sans repos…

POV Edward

Comment a-t-elle pu me cacher une chose aussi grave ? J'étais en colère non pas parce qu'elle avait sauté du haut de cette putain de falaise, mais parce que j'étais le putain dindon de la farce. Tout le monde était au courant : Alice, Rosalie, Jasper, Emmett, Jacob et même mon propre père. Voilà ce que tout le monde me cachait depuis des semaines. Pourquoi ne m'ont-ils rien dit tous autant qu'ils sont ? Pourquoi ne s'est-elle pas confiée à moi ?

Peut être qu'elle avait peur de te blesser…

J'aurais pu comprendre…

Ah oui t'as superbement bien compris en tournant les talons et en t'enfuyant comme un voleur tout à l'heure…

Putain de conscience à la con ! 

Néanmoins, il fallait reconnaître qu'elle n'avait pas tort mais putain j'avais besoin de digérer tout ce cirque. Alors que je m'apprêtais à rentrer chez moi, je fis demi-tour dans un dérapage incontrôlé provoquant ainsi une fanfare de klaxons. Je me dirigeai droit vers le quartier de Greenwich et une fois arrivé à bon port, garai la Volvo sur le parking du « Fat black Pussycat ». Ce bar était un lieu que je fréquentais souvent lorsque j'avais emménagé à New York et j'appréciais particulièrement l'ambiance qui s'en dégageait. Je sortis de ma voiture et claquai la portière. Je me dirigeai vers l'entrée et saluai Jason, le videur que je connaissais depuis des années. J'entrai et allai m'installer au comptoir.

- Un whisky s'il vous plait.

Je n'eus pas à attendre longtemps ma commande et vidai mon verre d'un seul trait dès qu'il fut servi.

- Un autre !

J'enchainai les verres les uns sur les autres, espérant oublier la douleur que je pouvais ressentir. Je n'arrivais pas à croire qu'elle avait essayé de se suicider. Je n'avais pas vu la souffrance qu'elle ressentait. J'avais été aveugle et égoïste quand je l'avais abandonnée en haut de cette falaise. J'aurais dû nous donner encore une chance. Je n'avais pas compris qu'elle avait commis l'irréparable. Une question me vint alors à l'esprit. Qui l'avait sauvée ? Je sentis une main s'abattre sur mon épaule et je ne pus pousser davantage ma réflexion.

- Est-ce que ça va petit frère ?
- Comme quelqu'un qui vient d'apprendre qu'il a failli tuer l'être qu'il aime le plus au monde.
- Arrête Edward, rien n'est de ta faute. Bella était à bout, elle avait enfermé trop de choses en elle. Elle s'imposait trop de règles à elle-même, elle a craqué c'est tout. L'important c'est qu'elle soit encore en vie, non ?
- Pourquoi tu ne m'as rien dit Emmett ?
- Parce qu'elle me l'avait fait promettre. Tu peux pas savoir comme ça a été dur de ne rien te dire quand tu t'apprêtais à épouser le monstre du Loch Ness. Mais elle m'avait fait jurer.
- Comment est-ce qu'elle s'en est sortie ?
- C'est moi qui l'ai trouvée.

J'écarquillai les yeux de surprise et tournai la tête vers mon frère. Il prit le siège voisin au mien et s'assit à mes côtés. J'attendis alors patiemment qu'il se mette à parler.

- Lorsqu'on s'est disputé toi et moi, après ton départ, j'avais besoin de me remettre les idées en place. Alors j'ai conduit jusqu'à cette plage. Tu te souviens quand Papa nous emmenait là-bas pour pique-niquer les dimanches ?

J'hochai la tête de haut en bas. Je me souvenais parfaitement de ces dimanches où Emmett et moi nous refaisions le monde avec notre père. C'était pour nous des instants privilégiés avec lui. Il travaillait souvent et être médecin l'obligeait à s'absenter plus souvent qu'il ne l'aurait voulu. Alors les rares fois où ils nous emmenaient là-bas, nous profitions de chaque instant avec lui.

- Cet endroit est devenu mon refuge et j'aime m'y rendre quand j'ai besoin de réfléchir. C'est là bas que j'avais pris la décision de demander en mariage Irina… Après notre rupture et mes problèmes, j'allais souvent m'asseoir dans le sable. Je regardais l'horizon avec rien d'autre à perte de vue que l'eau et ça m'apaisait. Ce soir-là quand j'ai vu ce corps qui flottait, je ne m'imaginais pas que ça pouvait être Bella. Quand je l'ai reconnue, je l'ai ramenée sur la plage et je lui ai prodigué les premiers gestes d'urgence. Finalement, le bouche à bouche avec un mannequin en plastique n'aura pas été une si grande perte de temps au lycée !
- Merci Emmett.
- De rien petit frère ! Tu m'es redevable à vie ! Et c'est pourquoi tu ne prendras plus jamais ta part de pancakes aux myrtilles de maman de toute ta vie.

Je ris et il m'ébouriffa les cheveux de sa grosse patte d'ours.

- Elle t'aime Edward… Plus que tu ne peux l'imaginer.
- Elle ne pourra jamais m'aimer autant que je l'aime.
- Alors qu'est-ce que tu fais ici ? A broyer du noir pendant que ta chérie pleure toutes les larmes de son corps parce qu'elle pense qu'elle t'a déçu au point que tu ne veuilles plus la voir.
- Elle aurait dû me le dire.
- Je sais mais pardonne-lui. Elle ne voulait pas que tu te sentes responsable. Et je te connais assez pour dire que c'est exactement ce que tu ressens, mais encore une fois tu n'es pas coupable de tout ça. L'important c'est qu'elle aille bien et l'essentiel c'est que vous vous soyez rendus compte assez tôt que vous ne pouviez pas vous passer de l'autre.
- Tu t'improvises conseiller conjugal ?
- Non je veux juste que vous monopolisiez un peu moins ma Rose tous les deux. Tu te rends pas compte que toutes ces heures à pleurnicher chacun de votre côté m'enlèvent des heures de sexe torride avec ma belle.
- Je ne veux pas en entendre davantage.

Il rit et je le suivis instantanément.

- Je devrais aller la voir.
- Tu devrais attendre demain matin. Rose m'a dit qu'elle a eu du mal à s'endormir et qu'elle a besoin de repos. Allez viens je te raccompagne chez toi.
- Merci Emmett.
- Pas de quoi petit frère !

Je laissai l'argent de mes consommations sur le comptoir et quittai le club avec mon frère. Je lui confiai les clés de ma voiture et m'interrogeai sur la façon dont il m'avait retrouvé.

- Comment t'as fait pour savoir où j'étais ?
- Facile… Cette boîte est la réplique exacte de « l'Eclipse », la mer en moins…
- Et ?
- Et quoi de mieux pour penser à Bella qu'un endroit qui te rappelle votre rencontre ?

Je secouai la tête et montai du côté passager tandis qu'Emmett prenait place côté conducteur. Il me ramena chez nous. Je ne me fis pas prier pour rejoindre mon lit. L'alcool commençait sérieusement à me monter à la tête et j'avais l'impression que celle-ci allait exploser. Je savais d'avance que le réveil serait dur le lendemain. Lorsque je posai ma tête sur mon oreiller, ma dernière pensée fut pour ma belle. Je n'avais été décidément qu'un gros connard pour lui avoir infligé tout ça. Elle avait dû se sentir blessée. Cette nuit-là, je m'endormis d'un sommeil lourd et sans rêves.

POV Bella :

Lorsque j'ouvris les yeux ce matin-là, j'eus l'impression de ne pas avoir fermé l'œil de la nuit. Je me sentais terriblement fatiguée et j'avais l'impression que si je me levais trop brusquement j'allais me casser en mille morceaux. J'avais passé ma nuit à faire des allers-retours aux toilettes et j'avais l'estomac complètement en vrac. Lorsque je tournai la tête vers mon radio réveil, je fus surprise de voir s'afficher onze heures sur le cadran. J'ai dormi autant que ça ? Alors pourquoi ai-je l'impression d'avoir passé une nuit blanche ? Et le comble c'était que j'étais encore fatiguée. Je me décidai tout de même à me lever afin d'aller prendre une douche et manger un morceau si mon estomac me le permettait.

Je pris des sous-vêtements dans le tiroir de ma commode et comme je n'avais aucune envie de sortir aujourd'hui, je me saisis d'un pantalon de yoga et d'un débardeur blanc. J'emmenai le tout dans la salle de bain et tournai le robinet d'eau chaude. J'attendis que la vapeur remplisse l'atmosphère de la pièce et réglai l'eau froide pour ajuster la température. Une fois fait, je me déshabillai et pénétrai sous l'eau chaude. Je laissai mes muscles se délasser sous l'eau brûlante. Après un bon quart d'heure à savourer le bien-être que cela m'apportait, je me savonnai puis me rinçai. Je fermai l'eau et me saisis d'une grande serviette moelleuse. J'effaçai alors la buée du miroir avec une autre serviette et entrepris de me démêler les cheveux. Je me regardai un instant dans le miroir et mon regard vide me fit presque peur. J'avais des cernes bien dessinés et de terribles poches sous les yeux. Si Alice me voyait dans cet état, je pouvais être sûre d'avoir des dizaines de masques de beauté à faire. Après m'être habillée et coiffée, je sortis de la salle de bain. J'entendis du bruit à la cuisine et me dirigeai vers celle-ci. Rose était en train de préparer une omelette et lorsque l'odeur de celle-ci atteignit mes narines, j'eus à peine le temps de saluer ma colocataire que je me précipitai aux toilettes pour vomir.

J'entendis alors les pas de Rosalie résonner dans le couloir et elle me rejoignit quelques secondes plus tard.

- Est-ce que ça va Bella ?
- Ça va mieux oui, merci

Je pris un linge humide et me le passai sur le visage.

- Tu ne veux pas que j'appelle un médecin… je veux dire… tu as été malade toute la nuit.
- Ce n'est rien Rose, je t'assure.
- Ok. Bon tu as faim ?

Je fis la grimace et Rose m'adressa un petit sourire.

- Ouais t'as raison, on va peut-être éviter… Au fait, il y a quelque chose pour toi sur la table du salon.
- Pour moi ? Qu'est ce que c'est?
- Et bien va voir !

Intriguée, je me dirigeai vers le salon et m'arrêtai net en voyant l'immense bouquet de fleurs qui ornait la table basse. Celui-ci était composé de Lys et de roses de toutes les couleurs ainsi que de freesias et de marguerites. Ce bouquet était tellement immense qu'il cachait l'écran plat de la télé.

- Mais qui…
- A ton avis !
- Ne me dis pas que c'est…
- Si c'est à Jake que tu penses, oublie tout de suite. Ce mec n'a absolument rien d'un grand romantique torturé. Il y a une carte…

Rosalie me sourit et je m'approchai alors lentement du bouquet. Je me saisis de la carte qui était placée parmi les fleurs et caressai l'écriture fine de l'enveloppe. Je l'ouvris et tirai la petite carte.

Ma Bella chérie,

Pardonne-moi, je n'ai été qu'un idiot

Je t'aime

Edward

Je n'avais pas senti les larmes qui coulaient sur mes joues jusqu'à ce que l'une d'entre elles viennent s'échouer sur la carte que je tenais dans mes mains tremblantes. Je les chassai d'un revers de la main et mis la carte contre mon cœur.

- Il est passé pendant que tu dormais.

Ces quelques mots soulageaient mon esprit torturé depuis hier soir. Je me penchai alors vers le bouquet et humai le parfum de ces magnifiques fleurs. C'est alors qu'une violente nausée me prit et j'eus à peine le temps d'atteindre la salle de bain. Rose accourut de nouveau derrière moi. Lorsque je me relevai, je croisai son regard inquiet.

- Ce n'est rien Rose, juste une vilaine gastro, ça va passer.
- Bella…
- Cesse de t'inquiéter, je t'assure que tout va bien.
- Bella écoute-moi… Quand as-tu eu tes règles pour la dernière fois ?
- Ne sois pas ridicule Rose je ne peux pas être…

Je me figeai sous le choc. Je courus dans ma chambre et vidai mon sac à main sur le lit. Je farfouillais rapidement mes effets personnels pour trouver mon agenda. Je l'ouvris, consultai le calendrier et comptai. Huit semaines ! Je recomptai pour être certaine de ne pas m'être trompée.

Pas de doute possible ! 

Comment ai-je fait pour ne pas m'en être rendue compte plus tôt ?

Peut-être parce que tu avais un Dieu vivant dans ton lit qui te faisait l'amour chaque soir et que tu ne voulais pas que ça s'arrête ! 

Évidemment, vu sous cet angle !

- Oh mon Dieu ! C'est pas possible !

Je jetai mon agenda par terre et pris ma tête entre mes mains. Ma vie était déjà assez compliquée sans que je n'ai besoin qu'un bébé vienne s'y ajouter. Je me résonnai alors et me dis qu'il y avait surement une petite chance pour que tout cela ne soit qu'une coïncidence. Je remis frénétiquement mes affaires dans mon sac et sortis de ma chambre comme une fusée.

- Attends Bella, où vas-tu ?
- A la pharmacie, je reviens !

Je ne laissai pas le temps à Rosalie de répondre quoi que ce soit et claquai la porte en sortant. Je me mis à courir dans l'escalier. Je voulais à tout prix me débarrasser du moindre doute. Dans la rue, j'accélérai le pas jusqu'à la pharmacie la plus proche. J'en ressortis quelques minutes plus tard avec un petit sachet. J'avais l'impression que son contenu me brûlait les doigts. J'avais terriblement mal à l'estomac et j'ignorais si c'était l'appréhension ou les nausées qui en étaient la cause. Lorsque je rentrai à l'appartement, je jetai mon sac sur le canapé et allai m'enfermer directement dans la salle de bain. J'entendis trois petits coups à la porte.

- Bella est-ce que ça va ?
- Oui ça va Rose.
- Je t'attends au salon
- Bien…

Je n'écoutais déjà plus ce qu'elle me disait et me concentrais sur la petite boîte que je tenais entre les mains. Tout mon corps tremblait et des larmes de peur ruisselaient le long de mes joues. Je sortis le petit bâtonnet de son sachet et le regardai sous toutes les coutures. Dire que c'est ce simple bâton qui va décider du tournant que va prendre ma vie. Je lus les instructions de la boîte et les suivis à la lettre. Une fois fait, je remis le capuchon et posai le bâtonnet à plat, à côté du lavabo. Je fermais mes yeux tellement fort que j'en avais mal à la tête. Au bout du temps imparti, je les rouvris doucement et me saisis du test. Je regardai le petit cadran et vis qu'il était rose. Rose ! Rose ! Rose ! Je pris la boîte et lus trois fois de suite la signification.
Je me laissai alors tomber contre la porte de la salle de bain et éclatai en sanglot. Ça ne pouvait pas être possible. Je ne pouvais pas être enceinte, pas maintenant, pas comme ça, pas dans la situation dans laquelle je me trouvais. Comment vais-je élever un bébé ? Comment est-ce qu'Edward va le prendre ? Me quittera-t-il ? Soudain, je fus prise de panique et me figeai. En réalité, je me rendis compte que je ne savais absolument pas qui était le père de cet enfant ! En recomptant dans ma tête, cela me ramenait directement à la semaine de mon mariage. J'étais enceinte et je ne savais même pas avec qui j'avais conçu ce bébé. Je pleurai tout mon saoul et une fois calmée, je me passai de l'eau froide sur le visage. Lorsque je relevai la tête, je croisai mon regard bouffi et rouge et je ne pus m'empêcher de me remettre à pleurer. Je sortis avec le bâtonnet en main et me dirigeai vers le salon. Je trouvai une Rosalie anxieuse, faisant les cent pas dans la pièce comme un lion en cage. Lorsqu'elle vit mon visage baigné de larmes, elle se précipita vers moi et me serra aussi fort qu'elle put dans ses bras. Je me crochetai à ses épaules et sanglotai une fois de plus. Je sentis ses mains caresser doucement mes cheveux.

- Shhhhttttt Bella, ça va aller… je suis là… on est là avec Alice, on sera toujours là… Calme-toi… Shhhhttttt

J'étais incapable de parler, incapable de lui répondre. Trop d'émotions m'assaillaient d'un coup. Elle m'entraîna jusqu'au canapé et me berça doucement contre son cœur.

- Allez calme-toi ! Ça va aller…

Au bout de longues minutes, mes pleurs se tarirent et le silence n'était brisé que par quelques sanglots. Rose s'absenta pour aller me chercher un paquet de mouchoirs. Lorsqu'elle revint, elle s'assit sur la table basse en face de moi.

- Écoute Bella, ce n'est pas si terrible que ça ! Un bébé c'est merveilleux. Bon je sais qu'avec Edward vous n'êtes qu'au début de votre relation et que tout cela peut paraître rapide mais vous êtes faits l'un pour l'autre alors ce bébé, même s'il n'était pas prévu, c'est une chance pour…
- Rose arrête !
- Mais pourquoi tu…
- Je ne sais même pas si c'est Edward le père de cet enfant…

Rose ferma la bouche de stupéfaction comme si ce que je venais de lui apprendre venait de lui mettre une grande claque. Pourtant ce n'était pas à elle que j'allais apprendre que j'avais couché avec Jacob alors que je couchais également avec Edward. Je secouai la tête de dépit.

- Attends, attends une minute tu veux… Jake, ça ne peut pas être Jake le père de cet enfant !
- Et pourquoi pas ?
- Et bien parce que…

Nous fûmes interrompus par la porte d'entrée.

- Hello, hello les filles ! Ben qu'est-ce qui va pas ?

Alice nous regarda tour à tour attendant qu'on lui raconte toute l'histoire. Rosalie lui expliqua ce que je venais de découvrir et elle me fit un gros câlin, promettant qu'elle serait toujours là quoiqu'il arrive. Je ne savais pas vraiment quoi faire. Le dire à Edward ? Le dire à Jacob ? Le garder pour moi ? De toute façon ce n'était pas une chose que je pourrais cacher bien longtemps alors autant ne pas traîner pour faire éclater la bombe. J'appréhendais surtout les conséquences que ceci aurait sur mon histoire avec Edward. Acceptera-t-il ce bébé ? Et dans le pire des cas acceptera-t-il un bébé qui puisse ne pas être le sien ? Et Jacob ? Comment va-t-il réagir ? Avec ce qu'il m'avait dit la veille, cela lui donnerait une bonne raison pour ne pas accepter le divorce… Je ne sus combien de temps je fus perdue dans mes pensées mais la sonnette de la porte me tira de ma léthargie. Alice se leva pour aller ouvrir et elle revint quelques secondes plus tard accompagnée d'Edward.

- Rose, tu viens ?

Alice fit un signe de tête à Rosalie en direction de la porte afin de me laisser seule avec Edward.

- Euh oui, oui j'arrive… A plus tard les amoureux.

Rosalie me fit un sourire encourageant et elles sortirent quelques secondes plus tard. Edward et moi nous fixâmes quelques minutes sans rien dire.

- Euh tu veux boire quelque chose ?
- Non merci. Bella je...
- Edward je…

Nous avions parlé en même temps. Il passa une main sur sa nuque et s'approcha de moi. Je baissai la tête, espérant qu'il ne voit pas les stries laissées par mes larmes. Il mit un doigt sous mon menton pour me forcer à croiser son regard.

- Bella regarde-moi… Tu as pleuré mon ange ?

Il secoua la tête et souffla.

- Tout ça c'est de ma faute, si je n'étais pas parti comme un voleur hier soir tu…
- Non Edward ! Arrête s'il te plaît !

Il me regarda avec incompréhension.

- C'est exactement la réaction que je craignais… Je veux dire, arrête de penser que tout est de ta faute. Ce que j'ai fait sur cette falaise, c'est de ma responsabilité, c'est de ma faute à moi. Si j'avais tout arrêté avec Jake avant, si je n'avais pas voulu fuir la réalité ainsi, nous n'en serions pas là. Tu n'es pas responsable. J'assume mes actes et je n'aurais pas dû te cacher cette histoire aussi longtemps. C'était stupide et je ne m'étais pas rendue compte que ça te ferait plus de mal de l'apprendre d'une autre bouche que la mienne.
- Oh Bella !

Il me prit dans ses bras et me serra aussi fort que ses bras le lui permettaient. Il embrassa mes cheveux et respira mon odeur. Je me blottis contre son torse et posai ma tête contre son cœur. Je pouvais percevoir chaque battement et je pouvais aisément dire que nos deux cœurs battaient tout aussi vite l'un que l'autre.

- Je t'aime tellement ma Bella, je ne veux plus jamais de cachotteries entre nous. Je ne veux plus de non-dit.

Je me figeai dans ses bras. Je devais lui dire ce que j'avais appris un peu plus tôt. Je ne pouvais pas attendre et prendre le risque qu'il l'apprenne par hasard. Il dut sentir ma raideur car il se détacha de mes bras et me fixa des ses grands yeux verts.

- Que se passe-t-il Bella ?
- Je… je dois te parler d'autre chose…
- Tu me fais peur, tu es toute pâle.
- On devrait peut être s'asseoir.

Il me suivit jusqu'au canapé où nous prîmes place.

- Je ne sais pas vraiment par où commencer.

J'étais nerveuse et passai mes mains dans mes cheveux. Soudain, je vis son regard se perdre derrière moi. Je me retournai pour observer ce qu'il fixait et vis horrifiée le test de grossesse sur la table basse.

- Bella, est-ce que c'est ce que je crois que c'est ?
- Oui mais…
- Oh mon Dieu mon amour mais c'est fabuleux ! Tu te rends compte ? Un bébé… Je vais être papa.
- Attends Edward…

Il prit mon visage en coupe et m'embrassa chastement les lèvres. Je sentis ensuite sa langue caresser ma bouche et lorsque je l'entrouvris, sa langue alla directement taquiner la mienne. Je posai mes mains sur son torse et mis fin à ce baiser qui, si je le laissais faire, allait nous conduire à plus de rapprochements.

- Attends Edward, il faut que je te dise quelque chose. 
- Oui je sais c'est soudain mais un bébé Bella, c'est merveilleux...
- Oui mais...

Il plongea ses émeraudes dans mes yeux, prit ma main dans l'étau des siennes et dessina des arabesques sur l'intérieur de ma paume. Ce geste me donna une certaine sérénité pour lui annoncer la mauvaise partie de cette nouvelle.

- Edward, j'ignore la date exacte de la conception mais celle-ci remonterait directement à la semaine de mon mariage…
- Oh… je vois…

Je vis ses épaules s'affaisser et à ce moment, j'eus peur que mon pire cauchemar ne se réalise. Je ne voulais surtout pas qu'Edward refuse cet enfant et m'abandonne. Aurais-je le courage d'élever un bébé seule ? Aurais-je le courage de supporter son absence ?

- Écoute Bella…

Prise de panique par ce qu'il pourrait me dire, je me levais et commençai à faire les cent pas dans la pièce.

- Je sais ce que tu vas me dire… Que nous deux c'est bien joli mais que tu ne peux pas assumer l'enfant d'un autre et je le comprends. Rassure-toi…
- Bella, écoute-moi s'il te plaît…

Je me tus et croisai son regard rempli d'amour. Je fus soulagée de ne voir dans ses yeux qu'une tendresse infinie.

- Bella je t'aime et je t'aimerai toujours, ça j'en suis sur et certain. Je serais prêt à donner me vie pour sauver la tienne. Et même si cet enfant n'est pas le mien, je l'aimerai comme un père. Je serai toujours là pour toi et pour lui.

Je sentis les larmes de bonheur rouler le long de mes joues. A croire que les hormones de grossesse sont en ligne directe avec le canal lacrymal ! Edward se leva pour me rejoindre et me fit un sourire attendrissant. Lorsque je m'apprêtas à l'embrasser, j'entendis un applaudissement. Je me retournai vivement vers la source de ce bruit et vis, horrifiée, Jacob dans l'entrebâillement de la porte du salon.

- Très attendrissant ce spectacle !

Il me scruta du regard et posa ses yeux sur mon ventre. Instinctivement, je posai mes mains sur mon abdomen comme pour protéger mon enfant. Il leva ensuite les yeux vers Edward et son regard se fit menaçant.

- Sauf que tu oublies un truc connard… Si cet enfant est le mien, c'est moi qui serai son père et Bella restera ma femme…


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire