mercredi 29 décembre 2010

Chapitre 16 : Manipulation


POV Bella :

- Jake, mais que fais-tu ici ? Comment es-tu rentré ?
- Pour une fois que je peux remercier Barbie d'être blonde…

Rosalie ! Edward se plaça devant moi de façon à ce que son corps fasse barrage entre mon ex-mari et moi. Je sentis sa main se poser sur mon ventre et ce contact, aussi mince soit-il, me fit frissonner. Inconsciemment ou pas, il acceptait ce bébé et voulait comme moi le protéger. Cette idée me fit sourire. De là où j'étais, je ne pouvais pas voir ses yeux mais nul doute que ceux-ci devaient probablement être de véritable revolvers. Quand il prit la parole, sa voix était aussi glaciale qu'un iceberg. De nouveaux frissons me parcoururent, mais cette fois de peur.

- Tu n'as pas été invité alors va-t'en !
- Toi, ne me parle pas. Si tu penses que tu peux me voler mon enfant, tu te trompes lourdement.
- Ce que tu oublies, c'est que cet enfant est peut-être le mien autant que toi.
- C'est vrai que Bella ne s'est pas ennuyée avant notre mariage. 

Lorsque je croisai le regard de Jake, celui-ci me fit me sentir sale. Je sentis les larmes roulées sur mes joues. Le ton qu'il employait me faisait passer pour une vraie traînée.

- Peut-être que ce bébé n'est ni le tien, ni le mien après tout. Hein Bella ? Dis-nous un peu combien de mecs tu t'aies tapé avant que l'on se marie ? 

Je sentis la rage monter en moi et je pus voir Edward trembler de colère à mes côtés.

- Alors combien de pères potentiels ? T'as oublié de compter ?

Mon sang ne fit qu'un tour et je me dégageai de l'emprise d'Edward pour me placer devant Jacob.

- Ça suffit Jake, rentre chez toi !

Il s'approcha un peu plus près de moi et ce fut à cet instant que je sentis son haleine alcoolisée. Edward saisit alors fermement ma main. Un regard vers lui m'indiqua que chacun de ses muscles étaient tendus à l'extrême. Je me retournai vers mon ex-mari qui avait profité de ce bref instant pour se rapprocher encore plus près. Je sentis son souffle à hauteur de mon oreille et mon corps se mit à trembler de peur.

- Peut-être as-tu remercié ton sauveur comme il se doit ? Tu sais ? Le nouveau mec de Rosalie ?

Il n'en fallut pas plus à Edward pour qu'il se jette sur lui. Il le plaqua contre le mur et lui asséna un premier coup au visage. Le choc ébranla les cadres qui se trouvaient au mur. Jacob, probablement surpris et un peu assommé, tomba à terre. Edward plus furieux que jamais le prit par le T-shirt pour le soulever et le pousser de nouveau contre le mur. Je n'avais jamais vu dans ses yeux autant de rage et de haine. Il lui asséna quelques coups avant que Jacob ne réagisse et lui balance un coup de pieds entre les jambes. Je vis alors mon amoureux s'effondrer de douleur. Jacob en profita pour reprendre le dessus et commença à le frapper avec tout autant de haine. Mon corps encore engourdi par la bataille qui régnait me porta jusqu'à eux.

- Arrêtez, je vous en prie…

Jacob était en transe. J'ignorais si c'était l'alcool qui l'avait rendu ainsi mais lorsque j'arrivai à leur hauteur, il me poussa brutalement en arrière. Je perdis l'équilibre et ma tête alla cogner la table basse. Je sentis alors une douleur fulgurante me parcourir et un liquide chaud s'écouler le long de mon crâne. Je passai mes doigts sur ma blessure et eus la nausée lorsque je vis le sang sur mes doigts. Je fermai les yeux pour reprendre ma respiration. J'avais la sensation que tout tournait autour de moi et j'ignorais même si Edward et Jake avaient cessé de se battre. Au bout de quelques secondes, je perçus des cris et reconnus la voix de Rosalie et Alice. J'ouvris alors mes yeux et vis mes deux amies se précipiter vers moi.

- Bella est-ce que ça va ? Ou as-tu mal ?
- Je vais bien Alice. Comment va Edward ?
- Mais tu saignes…

Je vis Rosalie partir en direction de la salle de bain et revenir quelque secondes plus tard avec une serviette. Elle s'agenouilla face à moi et tamponna mon crâne. Ce geste aussi doux soit-il me fit grimacer de douleur.

- Edward…
- Il va bien Bella mais il faut qu'on vous emmène à l'hôpital. Est-ce que tu peux marcher ?
- Je crois oui…

Je me relevai avec l'aide de mes deux amies mais à peine m'eurent-elles lâchée que je vacillai. Je fermai les yeux, attendant le choc mais je sentis alors deux bras fort s'enrouler autour de mon corps frêle.

- Ben alors Belli-Bella, tu vas bientôt devoir m'appeler superman !

- La remarque d'Emmett me fit sourire. Il me conduisit jusqu'à sa voiture, m'installa à l'arrière et boucla ma ceinture.

- Je reviens Bella…

Je lui attrapai le bras.

- Emmett, dis-moi comment il va.
- Il est sonné mais ça devrait aller. Ça lui apprendra à avoir préféré les cours de piano à ceux de karaté.

Rosalie vint prendre la place d'Emmett le temps que celui-ci aille chercher Edward. Je me sentais fatiguée et je n'avais qu'une envie : dormir.

- Allez Bella, parle-moi, reste avec moi. Que s'est-il passé ?
- Jake… Jake te remercie…
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il a encore dit cette espèce de crétin ?
- Il te remercie… d'être blonde…

Je vis Rosalie me faire de gros yeux.

- Parce que tu avais laissé la porte d'entrée ouverte.

Elle leva les yeux au Ciel. Je souris et posai ma tête sur l'appui-tête mais la douleur se rappela à moi. Je me sentais très fatiguée et ne percevais plus que des murmures autour de moi. Je fermai mes yeux et sombrai alors dans un trou noir.

POV Edward :

Lorsque je me réveillai, je fus surpris de me trouver dans un lit d'hôpital. J'avais l'impression qu'un immeuble m'était tombé dessus. J'essayai de bouger mais grimaçai de douleur au premier geste.

- Alors petit frère, on a voulu jouer au héros ? 

Je tournai la tête et trouvai mon frère assis sur une chaise près de mon lit.

- Que s'est-il passé ?
- Tu ne te souviens de rien ?
- Non juste que j'ai commencé à me battre avec l'autre espèce de clébard et ensuite le trou noir.
- Tu t'es bien fait amocher. Il t'a cassé une côte et on t'a fait quatre points à l'arcade sourcilière mais à part ça tu devrais t'en sortir.
- Et Bella ?
- Elle va bien, son ex l'a poussée et elle s'est cognée la tête contre la table basse. On a eu un peu peur quand elle a perdu connaissance mais le médecin lui a fait passer un scanner et tout va bien. Il lui a fait quelques points de suture au crâne mais à part ça, tout va bien.
- Et le bébé ?
- Il va bien aussi, mais tu sais ce n'est encore qu'un micro-cornichon…
- Où est-elle ?
- Elle est dans une chambre un peu plus loin mais ne t'inquiète pas Rose et Alice sont avec elle.

J'amorçai un premier mouvement pour me lever mais je retombai immédiatement sur le matelas.

- Tu as interdiction de bouger de ton lit.
- Emmett, je veux la voir. Emmène-moi auprès d'elle.

Je vis mon frère réfléchir quelques secondes et soupirer.

- De toute façon si je ne t'aide pas tu trouveras un moyen d'y aller, je me trompe ?
- T'as tout compris.

Il s'approcha alors de moi et m'aida à me soulever. Je me retins de crier de douleur. Il m'aida à enfiler un peignoir et m'installa dans un fauteuil roulant. Il regarda dans le couloir avant de me sortir afin de vérifier qu'aucune infirmière ne traînait par là. Il courut avec la chaise roulante jusqu'à la chambre de ma belle. Lorsque nous rentrâmes à l'intérieur, je soupirai de soulagement en la voyant assise et souriante. Emmett approcha alors mon fauteuil de son lit et m'aida à me relever. J'appuyai mes deux mains sur le matelas et me penchai à hauteur de son front. J'apposai un baiser léger sur le dessus en fermant les yeux.

- Les filles venaient pourtant de me dire que tu n'avais pas le droit de quitter ton lit.
- Là où tu es, je veux être. 

Les jours suivants furent tranquilles. Les infirmières ne pouvant nous séparer avaient finalement décidé de nous installer dans la même chambre à la condition que chacun reste dans son lit. Bella sortit quelques jours avant moi mais elle était à la porte de ma chambre chaque matin à huit heures et ne repartait jamais avant vingt-et-une heures le soir.

Nous avions néanmoins eu une petite dispute lorsqu'elle m'avait dit ne pas vouloir porter plainte contre Jacob. Elle m'avait dit que c'était uniquement par rapport à leur passé. A un moment j'avais craint qu'elle n'éprouve encore des sentiments pour lui mais elle m'avait aussitôt rassuré.

Aujourd'hui je devais sortir de l'hôpital et j'étais heureux de pouvoir enfin rentrer chez moi. C'est Jasper qui devait passer me chercher.

- Salut mec !
- Ah enfin te voilà !
- Ben alors on est bougon aujourd'hui ? On n'aurait pas hâte de se retrouver en tête à tête avec une jolie demoiselle aux longs cheveux bruns par hasard ?
- Tu comprends vite toi !
- Je te rassure, je comprends on ne peut mieux mon pote. J'ai une insatiable dans mon lit tous les soirs.
- D'ailleurs où est Alice ? Je croyais que vous ne vous lâchiez plus tous les deux.
- Elle a une mission…
- Une mission ?

Il s'avança vers moi et me tapota l'épaule comme pour me réconforter. J'eus un moment peur qu'il me dise qu'elle avait embarqué Bella dans une virée shopping interminable qui m'aurait empêché de la retrouver.

- Oui la mission c'est « Préparation de la jolie brune aux cheveux longs à vos retrouvailles »

Je levai les yeux au Ciel et le poussai un peu.

- T'es con, j'ai cru que…
- Que ma dulcinée avait embarqué la tienne pour lui refaire sa garde-robe ?

Nous rîmes de bon cœur et ce fut plus détendu que je pris place dans la chaise roulante qui m'avait été attribuée. Encore un protocole à la noix qui disait qu'il était obligatoire qu'un patient qui rentrait chez lui soit accompagné en fauteuil jusqu'à la sortie. Ce qui était parfaitement idiot si on tient compte qu'un patient qui est jugé apte à sortir de l'hôpital n'a pas besoin d'un tel engin pour se déplacer. D'après mon père j'étais un cas désespéré. Mes parents avaient été très inquiets d'apprendre que j'étais à l'hôpital. Ma mère avait débarqué par le premier avion et s'était occupée de moi pendant quelques jours. Il avait été d'ailleurs très dur de la faire repartir et c'était mon père qui avait dû venir la chercher. Elle m'avait fait promettre de l'appeler chaque jour pour savoir si le personnel soignant prenait bien soin de moi. La réputation de mon père n'étant plus à faire, j'avais été le véritable petit prince du service.

Une fois en route, je vis Jasper m'adresser des regards en biais. J'avais la sensation qu'il voulait me dire quelque chose d'important mais qu'il ne savait pas comment s'y prendre alors que nous ne nous étions jamais rien caché lui et moi. Je décidai de l'aider un peu afin de savoir de quoi il retournait.

- Ça ne va pas Jazz ?
- Si si, je réfléchissais à un truc… Ça fait combien de temps qu'on se connait toi et moi ?
- Trop longtemps pour que tu tournes autour du pot. Dis-moi ce que tu as à me dire.
- Écoute Edward, je me rends compte que je n'ai pas été très présent ces derniers temps. J'ai laissé ma relation avec Alice empiéter sur notre amitié et je ne me suis pas rendu compte de tout ce qu'il t'arrivait.
- Arrête Jasper. Ne t'excuse jamais pour ça. Je comprends plus que tu ne le penses, crois-moi ! Quand je suis avec Bella, je ne veux jamais être avec quelqu'un d'autre et quand elle n'est pas là, elle hante mon esprit.
- Ouais t'es aussi mordu que moi apparemment.
- Oui et quand je pense que bientôt il y aura un petit être qui prendra autant de place dans mon cœur qu'elle…
- C'est vrai que tu t'es bien appliqué ! En tout cas félicitations mon pote.
- Merci même si je ne préfère pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Il reste toujours une chance pour que ce bébé soit celui de Jacob.
- Franchement, je pense que de ce côté-là t'as pas de soucis à te faire !
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Rien à part que la génétique ne veut rien dire crois-moi. J'en connais un rayon !

Jasper n'avait pas eu une enfance facile. Sa mère biologique le battait et l'accusait chaque jour qui passait du départ de son père. Ils vivaient dans des endroits miteux et parfois même elle affamait son fils pendant des jours entiers. Jazz avait appris à se débrouiller seul très tôt. Lorsque les services sociaux avaient retiré sa garde à sa mère, il était passé de foyer en foyer jusqu'à atterrir dans celui où mon père se rendait chaque semaine. Carlisle avait réussi à apprivoiser l'enfant terrible qu'il était et lorsqu'il m'avait emmené avec lui pour nous présenter, Jasper et moi ne nous étions jamais quittés.

- A quoi tu penses ?
- A notre rencontre…
- C'est vrai que rien ne nous prédestinait à devenir des amis toi et moi.
- Je suis fier que tu sois mon meilleur ami. 

Il gara la voiture sur le parking de notre immeuble et se tourna vers moi en me tendant sa main.

- Moi aussi…

Nous nous serrâmes la main et sortîmes de la voiture. Je fus étonné et un peu déçu de ne pas voir la voiture de Bella. J'avais espéré qu'elle aurait été là pour m'accueillir.

- Allez Roméo pleure pas, ta Juliette se fait belle pour venir te voir…
- Vas-y, fous-toi de moi ! 

Lorsque nous rentrâmes, Jasper déposa mes affaires dans ma chambre. Je l'informai que j'allais m'allonger un moment, trop heureux de retrouver mon lit. Je ne mis pas longtemps à sombrer dans le sommeil.

POV Bella : 

Quand j'avais vu Alice me barrant le passage à la porte d'entrée ce matin et Rose qui m'attendait sagement devant la salle de bain, je m'étais tout de suite méfiée. Et j'avais eu raison d'avoir peur. Elles m'avaient séquestrée pour me faire passer une véritable journée de torture. Bien sûr, elles jubilaient de pouvoir jouer à Barbie Bella alors que moi je n'aspirais qu'à une chose : retrouver les bras de mon amoureux qui m'avaient tant manqué pendant des nuits entières.

Lorsqu'elles jugèrent que j'avais assez souffert, elles me laissèrent partir. Elles m'avaient attifée d'une robe courte, bleue nuit, légèrement évasée sous la poitrine. Alice m'avait ordonnée de porter des escarpins d'une marque paraît-il sensationnelle mais qui pour moi me faisait plus mal aux pieds qu'autre chose. Rose avait passé des heures à me tirer les cheveux dans tous les sens pour finalement me les laisser lâches. Bref, je jurai intérieurement de ne plus jamais me laisser avoir. Étant enceinte, elles m'avaient quand même autorisé une pause pour déjeuner. Avant de partir, Rose me confia qu'elle devait retourner à San Francisco à cause de problèmes avec ses parents et qu'Alice l'accompagnait car elle ne voulait pas y aller seule. Je me sentis coupable d'abandonner mon amie pour retrouver Edward. Elle m'assura de ne pas m'en faire et que ce voyage serait certainement très court. J'avais senti Alice un peu nerveuse mais je n'y prêtais pas plus attention sachant qu'elle détestait l'avion et que c'était probablement ce qui l'angoissait.

C'est avec une joie non dissimulée que je quittai l'appartement pour sauter dans ma voiture. Le trajet jusqu'à l'appartement des garçons fut rapide. J'avais légèrement dépassé les limitations de vitesse mais je n'en pouvais plus d'attendre. Je ne pris pas l'ascenseur et montai quatre à quatre les escaliers. Lorsque j'atteignis le second étage, je courrai presque dans le couloir qui menait à la porte de l'appartement. Au moment où j'allai toquer, je vis Jasper sur le palier tout souriant.

- Bonjour Jasper.
- Bonsoir belle Juliette
- Juliette ?
- Un petit truc entre Edward et moi… Il se repose.
- Oh ! Je ferais peut-être mieux de repasser alors…
- Il dort depuis le début de l'après-midi, je pense que tu peux le réveiller sans soucis.
- Merci Jasper.
- Le médecin a dit pas trop d'activité physique… Essaie de le ménager.

Je sentis mes joues devenir cramoisies. Il me sourit et m'adressa un petit clin d'œil avant de disparaitre dans l'ascenseur. Suis-je si prévisible que ça ? Je pénétrai dans l'appartement à pas de loup. Je me dirigeai vers la chambre de mon amoureux et souris quand je le vis étendu de tout son long sur son lit tel un pacha. Un sourire discret planait sur son visage d'ange. A cette vision, mon cœur se mit à battre un peu plus fort. Je m'approchai délicatement et m'assis sur le matelas. Je passai mes doigts dans ses cheveux soyeux. Il remua un peu et murmura mon prénom. Un sourire s'installa sur mes lèvres quand je l'entendis. Ainsi j'étais dans chacun de ses rêves comme lui était dans chacun des miens. Je m'approchai de son front et déposai un léger baiser sur le dessus comme lui avait l'habitude de le faire. Je m'allongeai et me calai un peu plus contre son torse. Nos corps se moulaient l'un dans l'autre à la perfection et j'avais la sensation qu'il était la moitié qui me manquait pour ne faire plus qu'un. Je cachai mon visage dans son cou et humai le doux parfum de sa peau. Je déposai un baiser dans le creux de sa nuque et je sentis ses bras se refermer sur ma taille.

- Bonjour mon ange.
- Vu l'heure je dirais plutôt bonsoir mon amour.
- Quelle heure est-il ?
- Il est vingt-et-une heures.
- Humm… Jasper m'avait promis qu'Alice ne te monopoliserait pas toute la journée.
- Parce que tu le savais et tu ne m'as rien dit ?
- Je ne l'ai su qu'à mon retour je le jure.
- Au fait que voulait dire Jasper quand il m'a dit « Bonsoir belle Juliette » ? Il m'a dit que c'était entre toi et lui. 

Il secoua la tête.

- Tu connais surement Shakespeare ? 

Je levai les yeux au Ciel en comprenant le sous-entendu à la pièce « Roméo et Juliette ».

- Humm… Il me semble que dans la pièce c'est Roméo qui réveille sa Juliette avec un doux baiser.
- Mais ça peut tout à fait s'arranger.

Il mit un doigt sous mon menton et dirigea ses lèvres sur les miennes. Lorsque sa bouche entra en contact avec la mienne, un soupir de contentement m'échappa. Je le sentis sourire contre mes lèvres. Il posa ses mains sur mes joues et les caressa avec ses pouces. Sa langue vint taquiner ma lèvre inférieure attendant patiemment que j'entrouvre mes lèvres. Quand je lui laissai enfin le passage, sa langue vint caresser la mienne avec toute la tendresse et la douceur qui le caractérisait. Nos souffles étaient de plus en plus erratiques et nous nous séparâmes à bout de souffle. Il ne quitta néanmoins pas ma peau et apposa des légers baisers sous mon oreille et sur ma nuque. Je mis mes mains sur son torse et le repoussai légèrement.

- Le docteur Jasper m'a dit que tu devais te ménager…
- Qu'il aille se faire voir !

Je lui souris et il m'embrassa derechef. Nos langues se mélangèrent à nouveau aussi intensément que la première fois. Nos mains ne quittaient pas le corps de l'autre. Je commençai à déboutonner lentement sa chemise pendant qu'il dégrafait ma robe. Le tracé de ses doigts sur ma colonne vertébrale me fit frissonner de plaisir. C'était si bon de retrouver sa chaleur et ses caresses. Je me demandai encore comment j'avais fait pour m'en passer aussi longtemps. Peut-être parce qu'il était dans un hôpital, après que ton futur ex-mari ne l'ait tabassé Bella ! Je lui ôtai sa chemise et déposai des baisers le long de son torse et m'arrêtai à la ceinture de son jean. Je débouclai sa ceinture et déboutonnai le bouton. Je le lui enlevai sans préambule et l'envoyai valser à travers la pièce. Je léchai mes lèvres en voyant la bosse de son boxer.

- Est-ce que ce que tu vois te plaît ?
- Humm, j'ai terriblement faim Monsieur Cullen.

Je me mis à califourchon sur ses cuisses et me jetai sur ses lèvres. Il en profita pour faire glisser les bretelles de ma robe et me la passa par-dessus la tête. Il laissa glisser son regard sur ma poitrine encore couverte et se releva en position assise. Il déposa des baisers sur le tissu de mon dessous pendant que ses doigts allaient chercher l'attache dans mon dos afin de la dégrafer. Lorsque ce fut fait, il m'ôta mon carcan et caressa chacun de mes seins avec grand soin. Il passa sa langue sur une de mes pointes durcies par le plaisir tandis qu'il jouait avec l'autre de des doigts habiles. Grisée par le plaisir qu'il m'infligeait, je rejetai ma tête en arrière et ondulai mes hanches créant une friction entre nos deux sexes encore séparés par la mince barrière de nos sous-vêtements.

POV Edward

Je n'arrivai toujours pas à croire que la déesse qui était dans mes bras était mienne. J'avais d'autant plus envie de vénérer son corps en sachant qu'il portait peut-être, et je l'espérais du fond de mon cœur, mon enfant. Mes mains avaient quitté ses seins pour caresser sa colonne vertébrale de haut en bas. Mes lèvres se posaient sur chaque grain de peau. Ses gémissements me rendaient encore plus dur. Ne pouvant plus me contenir, je la renversai sur le lit, me plaçant au-dessus d'elle et apposai une myriade de baisers mouillés le long de sa cage thoracique pour descendre sur son ventre. Je fis tournoyer ma langue autour de son nombril et m'arrêtai à la barrière de sa culotte. Je baissai le sous-vêtement jusqu'à ses pieds et l'envoyai rejoindre le reste de nos vêtements à terre.

Je remontai en une lignée de baisers sur son mollet, son genou, sa cuisse pour arriver à son entrejambe. Elle étouffa un gémissement lorsque je passais ma langue sur son clitoris gonflé. Je pris celui-ci entre mes lèvres et, tour à tour, le suçai, le léchai et le mordillai. Bella se cambrai sous moi. Je laissai vagabonder mes doigts sur son sein, infligeant une douce torture à l'un de ses tétons. Je fis ensuite redescendre ma main le long de son ventre, ce qui lui provoqua des frissons. Je fus satisfait de mon effet et laissait redescendre ma main jusqu'à son antre charnelle. Je glissai un doigt à l'intérieur et entamai des longs mouvements de va et vient. Son souffle se faisait de plus en plus erratique. Je joignis un second doigt au premier et accélérai la cadence jusqu'à que ses muscles se crispent sous mes doigts. Je relevai alors la tête pour la voir jouir et elle agrippa mes cheveux pour me ramener à elle. Nous échangeâmes un langoureux baiser.

Elle fit descendre mon boxer et je l'envoyai au loin avec mes pieds. Elle m'étonna en nous faisant rouler sur le matelas et en se positionnant sur moi. Voyant ma surprise, elle posa un doigt sur mes lèvres et se pencha vers mon oreille. Ses cheveux vinrent chatouiller mon cou tandis que je respirais leur doux parfum sucré à plein poumons.

- Tu oublies que le docteur t'a interdit un quelconque effort. C'est moi qui mène la danse Monsieur Cullen.
- A votre guise Mademoiselle Swan…

Elle se releva et dirigea mon membre vers son intimité. Elle le fit pénétrer très lentement jusqu'à qu'il bute au fond de son ventre. Elle intima de lents mouvements de va et vient. J'étais suspendue à l'ondulation de son corps au-dessus du mien. Elle était tellement belle que je me sentais chanceux d'être celui qui pouvait profiter de son corps splendide. La maternité semblait la rendre encore plus radieuse que jamais. Son petit corps frêle accélérait petit à petit le rythme jusqu'à prendre une cadence effrénée. Ses petites mains agrippaient mes épaules avec force. Et ce fut dans une parfaite communion que nous atteignîmes tous deux l'orgasme. Sa tête se nicha dans le creux de mon cou et elle mordit mon épaule pour étouffer un cri. Nous gardâmes le silence pendant quelques minutes afin de reprendre notre souffle.

Lorsqu'elle releva sa tête vers moi, je replaçai quelques mèches de cheveux humides derrière son oreille et embrassai sa tempe. Elle plongea son regard chocolat dans le mien et quelques larmes roulèrent le long de ses joues. Je passai mes pouces sur celles-ci afin de les chasser. Elle n'avait pas besoin de me dire quoi que ce soit puisque je pouvais ressentir tout ce qu'elle ressentait. Notre couple avait dû affronter tellement d'épreuves depuis le début que chacun de nos moments intimes étaient intenses. Les émotions qui nous submergeaient étaient totalement décuplées. Je la pris dans mes bras et la serrai fort contre moi. Je nous allongeai et caressai doucement la petite bosse que son ventre commençait à former avant de remonter le drap sur nos corps nus. Elle cala sa tête sur mon cœur et entoura ma taille de son bras comme pour m'empêcher de partir.

- Je ne partirai pas Bella, je serais toujours là pour toi, je serais toujours là pour vous… Je t'aime.

Je sentis une de ses larmes rouler sur mon torse. Je la serrai un peu plus fort dans mes bras et déposai un baiser sur le sommet de son crâne. Nous nous endormîmes dans la même position, nos deux corps imbriqués l'un dans l'autre, ne faisant plus qu'un.

POV Rosalie :

- Ça va mal se finir cette histoire Rose, on ne peut pas faire ça !
- Si on le peut et on va le faire !
- Mais tu te rends compte de ce que tu dis : rentrer par effraction chez Jacob et chercher un pseudo papier qui n'existe peut-être même pas.
- Je te dis que Paul me l'a dit.
- Et moi, je suis certaine que Pattinson trompe Stewart parce que je l'ai lu dans Closer hier. C'est n'importe quoi Rose !
- Écoute Alice si tu ne voulais pas m'aider, il ne fallait pas venir.
- Comme si j'allais te laisser jouer les Cat's eye sans moi !
- Alice, ce n'est pas un jeu…
- Je ne suis pas stupide mais ça risque d'être cher payé pour rien.

Mon amie se renfrogna dans son siège et regarda par la vitre de la voiture.

- Écoute, je sais que c'est de la folie mais je sens au plus profond de moi que c'est vrai. Pourquoi Paul aurait été inventé un truc pareil ?
- Peut-être par jalousie, parce qu'il avait peur que tu le trompes avec Jake et que comme ton désir le plus cher est d'avoir des enfants, il aurait été pondre un truc comme ça.
- Non, il a de l'imagination mais pas autant que ça.
- Pas faux…

Quand Bella avait émis le fait que Jacob puisse être le père de son enfant, quelque chose avait fait tilt dans mon esprit. Je m'étais souvenue être sortie avec Paul, un de ses amis de la réserve Quileute. Un jour, Paul m'avait parlé de résultats que Jake aurait reçus et qui disaient qu'il était devenu stérile parce qu'il avait eu les oreillons. Sur le coup, j'avais trouvé ça plutôt absurde mais il m'avait assuré que même si cela était rare, c'était possible. A l'époque, j'étais loin de me douter que cette histoire allait m'être bénéfique. Il fallait à tout prix que je mette la main sur ses résultats d'analyse pour prouver que seul Edward pouvait être le père de ce bébé. Je savais que Jacob n'allait pas lâcher Bella aussi facilement. Ce mec était pire que du mastique. Dans une autre vie, il devait s'appeler Patex !

L'idée d'aller vérifier directement ce que je croyais être vrai avait alors germé dans mon esprit. J'avais prévu avec Alice d'aller à San Francisco et d'aller chez Jacob pour récupérer la preuve de ce que j'avançais. Nous avions réservé nos billets ainsi que la location d'une voiture. Nous avions prétexté auprès de Bella que je devais retourner chez moi à cause de problèmes avec mes parents mais que je ne voulais pas m'y rendre seule. J'avais dans l'idée que Jake resterait à New York afin de reconquérir Bella ce qui me permettrait d'entrer et de ressortir aussi facilement que prévu. Alice pensait que tout cela était de la folie. Soit ! Nous nous étions toujours promis d'être là les unes pour les autres et je me devais de tenir cette promesse auprès de Bella.

Et voilà comment nous nous retrouvâmes sur le chemin de la maison de Jake. Alice bougonnant parce qu'elle trouvait mon plan foireux et moi déterminée à trouver ce que j'étais venue chercher. Une fois arrivées dans le quartier, je me garai à quelques mètres de la maison. Heureusement pour nous, Jake avait fait installer un treillage le long du mur ouest qui menait directement à la chambre à coucher. Quand Alice me vit me diriger dans cette direction, elle s'affola et se mit à gesticuler dans tous les sens.

- Rosalie mais t'es malade ou quoi ? Tu veux vraiment qu'on se retrouve à l'hôpital. Ou en prison ? Quoique je serai curieuse de te voir expliquer à Charlie pourquoi tu cambrioles la maison de son futur ex-gendre sans mentionner le fait que Bella soit enceinte.
- Allez relax Alice, c'est qu'un petit treillage de rien du tout. T'as bien pris des cours d'escalade au lycée ?
- Tu sais très bien pourquoi j'allais à ses cours, je suis jamais montée à plus de deux mètres ! Je ne m'appelle pas Spiderman moi !
- Tout va bien se passer OK ? On monte, on prend ce qu'on a à prendre et on redescend, c'est aussi simple que ça. En plus pour sortir, on pourra passer par la porte de derrière. Jake pensera surement qu'il l'avait laissée ouverte.
- T'es folle à lier.
- Mais c'est pour ça que tu m'adores n'est-ce pas ? 

Elle marmonna dans sa barbe quelques minutes et je souris de toutes mes dents.

- Et en plus ça te fait marrer !
- Oh allez un peu d'aventure, ça peut pas nous faire de mal !
- On en rediscutera au tribunal !

Cette fois, je ris franchement. Une fois mon fou rire passé, je commençai à grimper le treillage. Finalement ce n'était pas aussi dur que je le pensais. J'entendais Alice râler derrière moi parce qu'elle allait bousiller sa paire de LouBoutin. D'un autre côté, il n'y avait qu'elle pour porter des escarpins lors d'une effraction. A la moitié du chemin, Alice me posa une question judicieuse auquel je n'avais pas pensé.

- Et qu'est-ce qu'on fait si la fenêtre est fermée ?
- Euh… On la casse.
- ON LA QUOI ?
- Shhhhttttt… Tu veux vraiment qu'on se fasse repérer par les voisins.
- Rosalie Hale, je jure que si on se sort de ce pétrin libre et vivante, tu me devras vingt années de shopping intensif.
- Si ça peut te rendre heureuse !

Lorsque j'atteignis le sommet, je bénis tout ce qui pouvait ressembler à une divinité de trouver la fenêtre ouverte. Je la fis coulisser davantage et me glissai par l'ouverture. Je tendis ensuite ma main à Alice pour l'aider à rentrer dans la maison. Une fois que nous fûmes toutes les deux à l'intérieur, je nous dirigeai vers le bureau. Lorsque j'y pénétrai, je fus catastrophée par tout le joyeux bordel qui régnait dans cette pièce. Alice et moi nous regardâmes dépitées.

- Ça va être comme chercher une aiguille dans une botte de foin Rose !
- Allez, arrête de te plaindre et mettons-nous au boulot !

Nous allumâmes nos lampes torche et commencèrent à fouiller les tiroirs du bureau. Nos recherches furent infructueuses de ce côté-là. Nous nous dirigeâmes alors vers un grand placard et je soupirai de dépit lorsque je trouvai celui-ci fermé.

- Alors qu'est-ce qu'on fait Sherlock ?
- On cherche la clé pardi sauf si tu m'as caché Copperfield dans ton arbre généalogique!

Malgré l'obscurité, je pouvais très bien l'imaginer en train de lever les yeux au Ciel. Nous fouillâmes un peu partout mais ne trouvâmes rien. Je commençais à perdre espoir quand j'aperçus la maquette d'une Aston Martin Vanquish grise sur une étagère. Jacob rêvait de posséder une voiture comme celle-ci depuis son adolescence. Sûrement un moyen pour flatter son ego ! Alors quand Emmett m'avait appris qu'Edward avait la réplique exacte de celle-ci dans le garage de ses parents, cela m'avait fait pouffer de rire. Je soulevai la voiture et la secouai. Quand j'entendis le bruit d'un objet qui se baladait à l'intérieur, j'ouvris la petite portière et dégotai la clé. J'allais ensuite ouvrir le placard et nous recommençâmes à farfouiller dans les dossiers. Lorsque je trouvai enfin son dossier médical, je me mis à le parcourir, remontant aux analyses datant des années lycée. Je sautai quasiment de joie quand je trouvai enfin le Saint Graal. Je sortis la feuille d'analyse confirmant la stérilité de Jacob. Je la mis sous le nez d'Alice et celle-ci fut stupéfaite qu'il n'en est rien dit à Bella.

- Qu'est-ce que tu croyais ? C'est pour lui le meilleur moyen de se protéger d'un éventuel divorce. Tant qu'elle se sent coupable de l'avoir trompé et qu'elle ne sait pas qui est le père de l'enfant, elle est plus vulnérable. Ce mec est un manipulateur né.
- Je n'aurais jamais pensé que…
- Ma pauvre Alice. Pour toi, même Lucifer ressemblerait à Bambi.
- Bah je préfère être candide que jouer les Cruella, Barbie !
- Tu n'aurais pas tes règles pour être aussi aimable ?
- Non j'ai juste raté une séance de sexe torride avec Jasper pour venir ici.
- Ceci explique cela !

J'éclatai de rire et Alice finit par se dérider et me suivit. Nous nous figeâmes lorsque nous entendîmes une voiture se garer dans l'allée. Nous rangeâmes les dossiers le mieux possible et refermâmes le placard à clé. Alice s'approcha discrètement de la fenêtre et se mit à gesticuler dans tous les sens pour attirer mon attention.

- Rose, c'est Charlie!
- Merde ! 

Je pliai la feuille d'analyse et la glissai à l'intérieur de mon pull.

- Qu'est-ce qu'on fait ?
- On redescend !
- QUOI ?
- Shhhhttttt ! On n'a pas le choix Alice, il faut redescendre par le treillage.
- Rose je jure que je vais te tuer.
- On va y arriver Alice…
- Sans se faire repérer ? Mais tu nous prends pour qui ? On n'est pas Batman et Robin !
- Je suis sûre que leurs collants nous iraient comme un gant pourtant !
- Rose…

L'exaspération était très claire dans la voix de ma complice. Je retins un rire.

- Allez dépêche, c'est le moment ou jamais.

POV Jacob :

Quel enfoiré ! Comment ose-t-il me piquer ma femme ? Ma tendre et douce Bella. Dire que si je n'avais pas fauté, elle serait encore à mes côtés. Tout est de sa faute. En tout cas, je lui ai bien explosé sa petite gueule d'ange. Nous verrons bien si elle voudra toujours de lui après la raclée que je lui ai mis. Un rire sardonique s'échappa de ma gorge. Les gens qui passèrent à côté de moi me regardèrent comme un fou.

Je ne cessais de ruminer depuis que j'avais quitté l'appartement de Bella trois jours auparavant. Depuis, j'avais passé mon temps à suivre Isabella dans l'espoir de trouver un moyen de la ramener à mes côtés. Je regrettais tellement de l'avoir trompée et de l'avoir faite souffrir. Je me fichais qu'elle est connu Edward avant notre mariage. Je n'avais pas su m'occuper d'elle comme elle le méritait. Si je l'ai épousée, c'était parce qu'elle avait le profil de la femme parfaite. Tendre, discrète, intelligente, agréable à l'œil, parfois naïve mais drôle… parfaite quoi ! Côté sexe, nous n'avions pas toujours les mêmes attentes mais avec le temps nous aurions appris à nous apprivoiser. Mais il avait fallu que ce minet vienne dans le décor et plombe tous mes projets. Grrr ! Dire qu'elle est avec lui en ce moment ! Je vais le tuer !

Cela faisait presqu'une heure que je battais le pavé au pied de l'immeuble de mon ennemi quand ma « femme » fit son apparition. Elle avait un sourire aux lèvres. Ses cheveux étaient négligemment attachés dans sa nuque ce qui lui donnait un air ingénu. Mais moi je savais que cela signifiait surtout qu'elle s'était faite ravagée toute la nuit. Espèce de traînée ! Sache que ton bonheur ne durera pas car tu es mienne ! Je me donnai aussitôt une claque sur la tête. La colère me faisait parfois perdre les pédales et j'en oubliais mes sentiments pour ma douce. Mon amour propre de mâle dominant prenait trop souvent le dessus ces derniers temps.
Je lui emboîtai le pas lorsqu'elle passa à ma hauteur sans même me remarquer. Elle entra dans un coffee shop et je l'attendis à l'extérieur. Elle ressortit quelques minutes plus tard les bras chargés de viennoiseries et de café. Je continuai d'observer son reflet dans la vitrine avant de la suivre. Elle était tellement dans son monde que ma présence à quelques centimètres d'elle ne semblait pas l'affecter. Quand nous fûmes à nouveau devant l'entrée de l'immeuble de l'autre, qui était un peu en retrait de la grande avenue, je lui saisis le bras par le coude pour l'obliger à me regarder. Elle poussa un cri et fit tomber ses achats.

- Alors traînée, on apporte le p'tit déj au lit ? Je n'ai jamais eu le droit à ce privilège et je suis pourtant ton mari.

Son regard perdit sa lueur apeurée pour prendre une teinte dure. Elle était en colère mais pour moi elle ne ressemblait qu'à un petit chat en rage. J'avais toujours adoré ce côté impulsif et téméraire. Tendrement, j'approchais ma main pour lui caresser le visage mais elle eut un mouvement de recul.

- J'ai toujours aimé quand tu te mets en colère. Tu es si belle…
- Tu me trouves si belle que tu as été voir ailleurs. Ne m'approche pas goujat !

Je la lâchai aussitôt avant de reculer d'un pas. Je ne voulais pas qu'elle se sente menacée. Un soupir de lassitude franchit mes lèvres.

- Ecoute Bells, je ne veux pas me battre avec toi. Si je suis là, c'est parce que ma vie n'a aucun sens sans toi. J'ai besoin de ta présence à mes côtés. J'ai fait une grosse erreur en te trompant. Je ne me cherche pas d'excuse mais sache que mes actes n'ont été guidés que par la colère et la peur. Je te voyais t'éloigner de moi. Je ne savais plus quoi faire pour te retenir. Je me suis alors dit que j'avais besoin de te donner une bonne raison si tu voulais me quitter. Je ne supportais pas l'idée de te perdre mais je refusais encore plus de perdre la face. Je sais que c'est ridicule. Je n'ai pas toujours eu de brillantes idées. La seule qui a illuminé mes jours fut de t'épouser. Je t'en prie, ne me repousse pas. Je t'ai…
- Tais-toi. Tu ne peux pas dire ça. Tout ce que tu veux c'est me récupérer pour sauvegarder les apparences. Jacob, même si tu m'aimes encore, moi je ne t'aime plus.

Je vis soudain rouge. Je saisis violemment son bras et me réjouis quand je la vis souffrir en silence. Je m'approchai et la plaquais contre le mur. Ses formes s'écrasèrent contre mon torse, éveillant ainsi un bref éclair de désir.

- C'est faux ! C'est moi que tu aimes. Pas ce blondinet des bacs à sable ! Ce n'est qu'un gamin bon sang !
- Le gamin comme tu dis est plus un homme que toi. Pour la deuxième fois, lâche-moi !
- Et si je voulais profiter de la situation ? Après tout, tu portes mon enfant. Tu as donc des devoirs à respecter.
- Jamais de la vie. Cet enfant ne peut pas être de toi…

Sa voix se cassa et je ricanai.

- Toi-même, tu n'en sais rien. Et je serai toi, je réfléchirai avant de me repousser. Dois-je te rappeler notre contrat de mariage ? Tu es celle qui a quitté le domicile conjugal pour grimper dans le lit d'un amant. Je peux tout te prendre. Et vu les préjudices moraux, je suis certain que ton père devra y mettre de sa poche pour couvrir tes frasques.

Son visage prit l'expression d'une biche effarée. Je savais qu'elle n'avait pas lu le contrat qu'elle avait signé car, à l'époque, elle me faisait pleinement confiance. Tous les moyens étaient bons pour la récupérer et faire de ce bâtard mon enfant. J'aurai ainsi l'héritier que la vie m'avait confisqué avec ses foutus oreillons.

- Tu mens…
- Du tout et tu le sais. Alors si tu veux que ton père garde sa maison et ses biens, tu vas me suivre comme la gentille petite épouse que tu es et tu vas oublier ton gigolo. C'est compris ?

Des larmes perlèrent au bord de ses cils. Je décidai d'enfoncer le dernier clou dans son cercueil.

- Suis-moi et ton précieux restera sur ses deux jambes plus longtemps que si tu restes avec lui. Les handicapés ne sont pas super sexy, qu'en penses-tu ?

Je m'apprêtai à l'embrasser de force lorsqu'une main empoigna mon manteau me forçant à faire volte-face. Je n'aperçus qu'une touffe de cheveux cuivrés avant de recevoir un uppercut magistral qui m'envoya à terre.

POV Edward

(Yiruma - River Flows In You)

Lorsque je clignai des yeux à mon réveil, je fus ébloui par la lumière qui régnait dans la pièce. Il me fallut quelques secondes pour me remémorer la journée de la veille. Je me rappelai alors ma sortie de l'hôpital, ma Bella, ma douce Bella qui était venue me rejoindre. Je me souvins du câlin qui avait suivi et un sourire naquit sur mes lèvres. Je me tournai alors sur le côté et fus surpris de ne sentir que le vide. J'ouvris alors brutalement les yeux et me relevai rapidement.

- Bella ?

Aucune réponse. Je me levai, enfilai un boxer et sortis de la chambre, pensant qu'elle se trouvait sûrement à la cuisine. Je ne vis personne mais en me retournant dans l'appartement, je vis une note sur le bar de la cuisine.

Mon amour,
Je suis sortie acheter le petit déjeuner…
Je t'aime
Bella

Je souris en redéposant le papier sur le bar. Je retournai alors à ma chambre et pris des affaires propres. J'allai à la salle de bain et pris une douche brûlante, laissant mes muscles se délasser. Je me lavai puis me rinçai rapidement. Je me séchai et m'habillai tout aussi vite. Je passai ma main dans mes cheveux, leur donnant leur petit effet décoiffé. Lorsque je sortis de la salle de bain, je vis que Bella n'était toujours pas rentrée. Je regardai l'heure et vis que je n'avais mis qu'un quart d'heure. Cependant, je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir une boule dans l'estomac. Je n'arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui n'allait pas. Depuis mon réveil, j'avais la sensation que quelque chose allait se passer. Afin de chasser mes idées noires, je m'attelai donc à préparer la table pour le petit déjeuner. Je pris ensuite place devant mon piano et me mis à jouer la berceuse de ma belle. Je ne vis pas le temps passer et lorsque je levai mes yeux vers l'horloge, je m'aperçus qu'il s'était presque écoulé une heure.

Cette fois, je commençai sérieusement à m'inquiéter. J'enfilai alors mes chaussures et pris ma veste. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Je m'inquiétais sûrement pour rien. Peut-être avait-elle décidé de passer chez elle pour se changer ? Mais il y avait toujours cet horrible pressentiment qui me poursuivait. Je ne pris pas l'ascenseur et descendis les marches de l'escalier quatre à quatre. Lorsque je fus dans la rue, le froid matinal me fouetta le visage. Je regardai à droite et à gauche et m'arrêtai net de marcher quand je les vis.
Mon sang ne fit qu'un tour quand je vis ses sales pattes sur ma Bella. Je courus jusqu'à eux et alors qu'il s'apprêtait à embrasser de force ma douce, je l'empoignai par l'épaule et lui envoyai un coup de poing directement dans le nez. Il tomba net, surpris par le choc. Je pris la main de Bella et l'attirai à moi. Elle semblait terrifiée et elle sanglotait.

- Shhhhhttt ça va aller ma belle, je suis là…
- Edward, j'ai eu si peur…

Ses sanglots me déchiraient le cœur. J'enfouis ma tête dans ses cheveux et ne vis pas tout de suite Jacob se relever. Il nous sépara brutalement, en poussant Bella en arrière. Il m'envoya une droite en plein visage. Nous nous assénèrent quelques coups avant que je ne sois distrait par la voix de mon frère qui m'appelait, de l'autre côté de la rue. J'eus à peine le temps de le voir accompagné de Jasper, Rosalie et Alice que Jake me balança un ultime coup dans le ventre. La douleur lancinante de mes côtes reprit de plus belle, me coupant le souffle.

A ce moment-là, tout se passa très vite. Bella complétement choquée s'était reculée de nous en pleurant à chaudes larmes. Elle s'était engagée sur la route. Je voulus la rappeler mais mes poumons refusèrent de fonctionner normalement et seule une plainte rauque sortit de ma gorge. Je vis alors une décapotable noire foncer tout droit sur Bella. Mon cri se perdit dans ma gorge, en même temps que je tombai de douleur à terre, pris d'une violente quinte de toux. Ce fut dans un état second provoqué par le manque d'oxygène que je vis son petit corps frêle s'écraser sur le pare-brise de la voiture. Je perçus les cris de Rose et Alice mais tout devenait flou devant mes yeux. Lorsque ma tête vint toucher le sol, une violente douleur enflamma mon poumon droit et je sentis un goût de rouille emplir ma bouche. J'essayai d'appeler Bella mais aucun son ne sortait de ma gorge. Peu à peu, le trouble devint plus sombre. Je ne sentais presque plus la douleur. Je tombai alors dans l'inconscience avec pour dernière image, le corps étendu de ma douce sur la chaussée…


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