mercredi 29 décembre 2010

Chapitre 11 : Prise de conscience

POV Jasper :

Ce retour à San Francisco avait été loin d'être de tout repos. Quelques semaines avant notre départ, j'avais bien remarqué qu'Edward était devenu songeur. Se rend-t-il compte qu'il fait une erreur en épousant Tanya ? J'étais forcé de reconnaitre qu'elle n'était pas un monstre, à condition d'aimer la beauté superficielle. Je me demandais parfois si elle n'avait pas pris un abonnement permanent chez son chirurgien esthétique.
J'avais l'impression que toutes ses opérations lui servaient à se créer un masque. Dés que je l'avais rencontrée, j'avais senti que cette fille avait un mauvais fond. Et j'étais étonné qu'Edward sorte avec elle. Il arrivait pourtant bien à cerner les gens d'ordinaire. Il fallait néanmoins avouer que Tanya savait cacher son côté machiavélique avec brio. Lorsque j'en avais discuté avec Emmett, il lui avait trouvé ce surnom de Cruella. Et bien que je sois moins critique que lui, de par ma future profession, je devais reconnaître que ce qualificatif lui seyait parfaitement au teint.

Lorsque nous étions au lycée, Edward était un vrai tombeur. Aucune fille ne lui résistait. Et il avait amplement profité de cette popularité. Pourtant, lors de notre année de terminale, un changement radical s'était produit en lui. Il avait cessé de courir après des aventures sans lendemain. Emmett et moi le taquinions souvent sur le sujet, mais il nous avait confié en avoir assez de cette vie. Depuis cette époque, il semblait attendre le grand amour de sa vie. Alors quand il s'était mis à fréquenter Tanya, j'avais été surpris.

Puis il y avait eu cette rencontre avec Bella. Le premier regard qu'ils avaient échangé avait été électrique. Je retrouvais dans les yeux de mon meilleur ami, cette étincelle qu'il avait perdue au fil des années passées avec Tanya. Malheureusement, le destin ne jouait pas en leur faveur. J'aurais pourtant mis mes deux mains au feu, que ces deux-là étaient faits pour s'aimer. On ne peut pas empêcher un cœur d'aimer et il semblait que les leurs avaient parlé pour eux. Je me rappelais très bien ce que j'avais pu lire dans les yeux d'Edward, le lendemain de leur premier rencontre. Et je savais qu'il savait que je m'étais aperçu de ce qui s'était passé la veille. Je lisais en lui comme dans un livre ouvert. Cela l'agaçait prodigieusement au quotidien. Il me reprochait souvent de trop laisser ressortir ma personnalité de psy. J'avais toujours été ainsi, à analyser les choses en long, en large et en travers.

D'ailleurs, les filles me fuyaient souvent pour cette raison. Je n'avais eu qu'une grande histoire d'amour dans ma vie. J'avais rencontré Maria à la bibliothèque de la fac. Lorsque nos regards s'étaient croisés, nous ne nous étions plus quittés. Nous avions vécu deux ans de folle passion. Un jour pourtant, je me rendis compte que notre amour s'était essoufflé. La routine avait cassé l'ivresse des premiers jours. Les disputes se faisaient de plus en plus fréquentes. Et tout s'était compliqué lorsque j'avais voulu mettre un terme à cette relation qui devenait plus qu'étouffante. Elle n'avait pas supporté le fait que je veuille la quitter et avait menacé de mettre fin à ses jours si je partais. Alors j'étais resté. Je ne savais pas quoi faire d'autre à l'époque.

Nous avions encore vécu un an ensemble après ça. Mais chaque jour était mon purgatoire personnel. Elle me suivait jusqu'à la fac pour s'assurer que je ne sortais pas avec d'autres filles. Je l'avais surprise plusieurs fois à fouiller mes poches et mon portable. Et j'étais certain qu'elle le faisait régulièrement. Elle avait même menacé une fille de mon cours, qui n'était rien d'autre que mon binôme en TP. Mais la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase était quand je l'avais surprise en train de mettre des tranquillisants dans ma bouteille d'eau. Ce soir-là, j'avais fait mes bagages et j'étais parti sans me retourner. J'avais quand même appelé ses parents afin qu'ils s'occupent d'elle. J'avais appris par la suite, qu'ils l'avaient envoyée en maison de repos.
Après cette histoire, j'avais eu beaucoup de mal à faire de nouveau confiance à une femme. Ma rencontre avec Alice avait eu le don de me réconcilier avec la gente féminine. Cette fille était absolument magnifique. Elle me faisait penser à un petit lutin avec ses cheveux noirs qui pointaient dans tous les sens. Je pouvais me noyer dans son regard ébène pendant de longues heures. Notre première nuit ensemble avait été des plus enivrantes. Elle m'avait fait vivre la nuit d'amour la plus exaltante de toute ma vie. J'avais encore du mal à croire qu'elle puisse s'intéresser à moi.

Lorsque nous avions appris « l'accident » de Bella, j'avais découvert une autre facette d'Alice : celle de la petite fille fragile. Elle avait été complètement bouleversée par cette nouvelle. Nous avions tous été soulagés d'apprendre qu'elle ne garderait aucune séquelle et qu'elle allait s'en sortir. Alice se sentait terriblement responsable de ce qui s'était passé. Elle pensait qu'elle aurait pu éviter ça en trouvant les bons mots. J'avais eu beau la persuader qu'elle n'était pas responsable, rien n'y faisait. Les quelques jours que nous avions passé ensemble m'avaient fait découvrir qu'elle était aussi têtue qu'une mule. Elle avait passé la nuit suivant l'accident à pleurer dans mes bras.

Le lendemain, elle était tellement impatiente d'aller la voir qu'elle s'était levée à l'aube. Quand nous étions arrivés à l'hôpital, les filles avaient eu le droit d'aller rendre visite à Bella. Afin qu'elle n'ait pas trop de monde dans sa chambre, Emmett et moi étions restés dans le hall. Nous avions investi la machine à café. Au vue des cernes qu'il arborait, il avait dû passer une nuit aussi difficile que la mienne. Lorsque les filles nous avaient rejoints, nous avions tout de suite remarqué leurs sourires carnassiers. Quand nous les avions interrogés, elles nous avaient alors raconté ce que Bella avait dit en s'éveillant. Cela m'avait fait sourire. J'étais persuadé que ces deux-là étaient faits pour être réunis.

J'avais ensuite dû quitter San Francisco plus vite que prévu, mon professeur de psycho ayant besoin de me voir pour mon mémoire. Avant mon départ, Bella m'avait fait promettre de ne rien dire à Edward. Elle était reconnaissante envers Emmett et Carlisle de ne rien avoir dit à Charlie. Je n'étais cependant pas persuadé que ce dernier ait cru cette version. J'étais triste de devoir me séparer d'Alice, mais je savais qu'elle devait rentrer quelques jours plus tard.
Voilà donc comment je me retrouvais devant mon appartement. Lorsque j'ouvris la porte d'entrée, j'entendis une douce mélodie provenir du piano. Je posai mes bagages et rejoignis Edward au salon.

- Hey Mec !
- Jazz !

Nous nous serrâmes dans une accolade virile.

- Que fais-tu ici ?
- Mon prof de psycho a besoin de me voir demain pour mon mémoire.
- Ha Ok !

Un silence s'installa entre nous. Je savais qu'il mourrait d'envie de me demander des nouvelles de Bella et je voulais que ce soit lui qui me le demande.

- Comment va Alice ?
- Très bien, elle rentre avec Rosalie la semaine prochaine.
- Super !
- Tes parents m'ont dit de te prévenir que leur vol arrivait vendredi midi, mais que si tu as besoin d'eux avant, ils pouvaient changer leur billet.
- Ok merci. Sais-tu si Emmett va venir ?
- Il ne m'a rien dit. Désolé.
- Ce n'est pas de ta faute.
- Vous n'êtes plus des gamins tous les deux. Tu ne crois pas que vous pourriez résoudre ce conflit?
- Je ne crois pas Jazz. Il faut qu'Emmett comprenne qu'elle…

Il baissa les yeux et retourna s'assoir à son piano.

- Comment… Comment va-t-elle ?
- Bien. Enfin je crois.
- Jasper, je ne sais plus où j'en suis.
- Est-ce que tu l'aimes ?
- Oui, je sais que je l'aime.
- Alors pourquoi veux-tu épouser Tanya ?
- Parce que… parce que… Je ne sais plus !
- Tu n'aimes pas Tanya ?
- Non…

Il avait soufflé cette réponse comme une évidence.

- Alors pourquoi l'épouses-tu ?
- Je ne sais pas… peut-être que… peut-être que je veux…
- … Te venger ?

Il souffla et acquiesça d'un hochement de tête.

- Ecoute Edward, je n'ai pas à te dicter ce que tu dois faire ou pas. Mais sache que la vengeance n'est jamais bonne pour personne. Et qu'un jour ou l'autre, toi et Bella en souffrirez… Vous allez vous enfermer dans des mariages où vous serez tous les deux malheureux.
- Est-ce l'ami qui parle ou le psy ?
- Un peu des deux je suppose…

Nous rîmes de bon cœur. J'espérais être sur la bonne voie pour le ramener sur le chemin de la raison.

POV Alice

Cette fois, c'était certain, Rose et Bella allaient finir par me faire mourir d'une crise cardiaque. L'histoire entre Royce et Rose, il y a bien des années m'avait complètement terrorisée. J'avais eu si peur pour elle tout au long de sa relation avec ce type. Et j'avais raison de me méfier dés le début. Ce qu'il lui avait fait subir l'avait marquée à vie.

Et maintenant voilà que c'était au tour de Bella. Si j'avais su que sa rencontre avec Edward allait la mener à de telles extrémités, jamais je ne l'aurais emmenée dans cette boîte pour fêter son enterrement de vie de jeune fille. Malgré cela, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que j'avais bien fait. Je l'aurais fait passer à côté du grand amour de sa vie sans qu'elle ne le sache.

Après leur rencontre, Rose et moi étions sûres qu'elle renoncerait à épouser Jake. Bien que moins cassante dans mes propos que Rose, je savais qu'il n'était pas fait pour elle. Nous avions pourtant essayé de lui faire entendre raison à de nombreuses reprises mais rien n'y avait fait. Elle s'était enfermée dans cette relation sans avenir. Malgré tout, j'avais essayé de lui créer un beau mariage. J'avais passé des nuits entières sur sa robe pour qu'elle soit comme dans ses rêves. Peut-être pour compenser la médiocrité du marié…

Lorsque nous étions petites filles, nous parlions souvent de nos mariages respectifs. A dix ans, on n'imaginait déjà pas que l'une de nous ne se marie sans les deux autres. Malgré une superbe cérémonie, celui de Rosalie avait tourné au drame et celui de Bella prenait le même chemin. Il y avait eu d'abord cette nuit de noces catastrophique et l'annonce d'Edward sur la falaise après leur étreinte avait fini de l'achever. Sommes-nous destinées à rater nos mariages ? J'espérais sincèrement que non.

En ce qui me concernait, je n'avais eu qu'une histoire d'amour. Elle était belle et tendre. A l'époque, j'étais persuadée que j'allais finir ma vie avec Jared. Nous nous étions connus au lycée. Nous avions partagé toutes nos premières expériences ensemble. Nous étions sortis ensemble pendant quatre ans. Et un beau jour, il était parti… Du jour au lendemain, sans laisser d'adresse. Juste un mot à mon attention qui disait qu'il me quittait et que je ne devais pas chercher à le revoir. Je n'avais jamais eu aucune autre explication. J'étais allée voir ses parents en vain. Ceux-ci avaient reçu un mot à peu près similaire au mien disant qu'il ne voulait plus jamais les revoir. Quelques temps plus tard, j'avais appris que durant les derniers mois où nous étions ensemble, il avait traîné avec des types louches et qu'il était tombé dans la spirale de la drogue.

Je l'avais pleuré pendant des mois, jours et nuits. Heureusement, Bella et Rose étaient auprès de moi durant cette période difficile de ma vie. A cette époque, je m'étais jurée d'être toujours là pour elles comme elles l'avaient été pour moi. Par la suite, je n'avais pas cherché à remplacer Jared dans mon cœur. J'étais persuadée que si l'amour devait se représenter à moi, je le saurais. Et ce fut le cas, lorsque j'avais vu Jasper ce fameux soir. J'ignorais comment ni pourquoi mais je savais que c'était celui que j'attendais. Je ne m'étais pas dégonflée, sur la piste de danse. J'avais accroché son regard au mien et je lui avais dit : « Tu m'as fait attendre ». Il ne m'avait rien répondu. Il s'était contenté de sourire, de me déposer un baiser sur le nez et de me serrer encore plus fort dans ses bras.

Moi qui prônais à Rosalie qu'il ne fallait pas coucher avec un homme le premier soir, j'avais appliqué tout le contraire de mes principes. Néanmoins, je ne regrettais absolument rien de cette nuit. Il m'avait donné les cinq orgasmes les plus fabuleux de ma vie. Je me sentais en complète harmonie avec lui. Je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir peur qu'il s'en aille un jour, comme Jared, mais je ne pouvais pas et ne voulais pas passer à côté de l'amour de ma vie par crainte. Je voulais vivre ce rêve merveilleux en étant bien éveillée.
Je faisais exactement le contraire de Bella. Comment peut-elle être aussi aveugle ? Vraiment, je ne la comprenais pas. Elle qui nous parle si souvent d'âmes sœurs ! Ce n'était pas possible qu'elle passe à côté du véritable bonheur sans rien faire. Il fallait que je la bouge. Peu importait la méthode, il allait falloir qu'elle se réveille et qu'elle revienne à la réalité. Je ne la laisserai pas commettre la bêtise de laisser filer Edward. Je ne savais pas encore comment j'allais m'y prendre mais je trouverai… Foi d'Alice Brandon !

Aujourd'hui, Rose et moi devions nous rendre au chevet de Bella. Cela faisait trois jours qu'elle avait repris connaissance et elle semblait aller mieux de jour en jour. Nous n'avions pas encore abordé le sujet des circonstances de son saut sur la falaise car Charlie était toujours auprès d'elle. D'habitude, Emmett venait avec nous mais il était parti tôt ce matin pour le mariage d'Edward. J'avais eu Jasper au téléphone la veille et il m'avait confié qu'Edward était vraiment perdu et qu'il pensait que si Bella ne faisait aucun geste, il épouserait Tanya. Il fallait à tout prix empêcher ce mariage complètement bidon. La pression était lourde et tout reposait sur nos épaules, à Rosalie et moi.

Je fus sortie de mon monologue intérieur par un coup de klaxon. Je jetai un rapide coup d'œil par la fenêtre et vis la voiture de Rose garée dans l'allée. Je pris mon sac et la rejoignis à l'extérieur.

- Bonjour ma belle, bien dormi ?
- Pas vraiment. J'ai eu Jasper au téléphone hier et les nouvelles ne sont pas bonnes. Il pense que si Bella ne se bouge pas, Edward épousera Tanya.
- QUOI ? Mais c'est pas vrai, c'est contagieux ou quoi ? Ils ont été faits dans le même moule ces deux-là, y'a pas de doutes, et avec le même dysfonctionnement en prime…
- Je sais… Je me suis dit exactement la même chose.
- Qu'est-ce qu'on va faire Alice ?
- Premièrement, prier pour que Charlie ne soit pas à l'hôpital pour parler à Bells et ensuite, espérer qu'elle ne se ferme pas comme une huitre dès que l'on va prononcer le prénom d'Edward. C'est dommage qu'Emmett ne soit pas là, j'ai l'impression qu'elle l'aime beaucoup et bizarrement, je pense qu'elle l'aurait plus écouté que nous.
- Ha bon ? Qu'est-ce qui te fait penser ça ?

Elle fronçait les sourcils et je m'amusai de sa réaction. Rosalie jalouse ? Une première !

- Je ne sais pas, une sensation…
- Il m'avait pourtant semblé que l'empathique c'était Jasper.

Elle me fit un sourire narquois.

- Que veux-tu ? Il déteint probablement sur moi…
- Bon on y va.
- Oui.

Nous montâmes à bord et fîmes le trajet dans un silence religieux. Lorsque nous arrivâmes, nous prîmes l'ascenseur jusqu'au quatrième étage et nous dirigeâmes dans le couloir de droite pour accéder à la chambre de Bella. Nous frappâmes et entrâmes de suite après l'avoir fait. Bien entendu, Charlie était ici…

- Bonjour les filles.
- Bonjour Charlie.

Nous lui adressâmes un sourire chaleureux mais néanmoins crispé. Aujourd'hui était un jour important.

- Bon je me sauve, je vais vous laisser entre filles.
- Ce n'est pas nous qui vous faisons fuir tout de même?
- Non mais j'ai un peu abandonné mon travail ces derniers jours et il est grand temps que j'aille m'y remettre.

Merci Seigneur ! Finalement, quelqu'un là-haut avait écouté mes prières. Il s'adressa ensuite à Bella.

- Je repasse te voir en fin d'après midi. Repose-toi ma puce. Je t'aime.
- Je t'aime aussi papa.

Lorsque Charlie eut refermé la porte de la chambre, Rosalie et moi échangeâmes un regard et allâmes nous asseoir chacune d'un côté du lit de Bella. Il était temps de démarrer la mission « sauvetage Edward ».

POV Bella :

Elles gardaient toutes deux un silence presque religieux. Je me demandai alors ce qu'elles pouvaient encore bien comploter. Il faut dire que ces trois derniers jours n'avaient pas été de tout repos, du moins, en ce qui concernait mon cerveau.

D'abord, lorsque je m'étais réveillée, j'avais eu l'impression qu'on m'arrachait d'un cocon douillet. Je n'avais pas voulu quitter ce rêve merveilleux. Je me le repassais en boucle dans ma tête afin qu'il ne s'efface pas de ma mémoire. Edward et moi étions allongés dans une magnifique petite clairière. Cette dernière était parsemée de milliers de petites fleurs violettes et blanches. Dans cette bulle de bien-être, nous n'avions pas besoin de mot, nous nous contentions de nous regarder en souriant. Le soleil jouait ses milles lumières sur nous et le regard émeraude de mon amoureux n'en était que plus brillant. Je me sentais tellement bien, j'étais sûre que si le paradis existait, ça devait être ça…

Puis un nuage sombre était venu perturber ce moment magique. J'avais vu Edward se lever et s'en aller sans un regard vers moi. J'avais beau crier son nom, rien n'y faisait, il ne se retournait pas. J'avais ensuite entendu une voix m'appeler au loin. J'ignorai cette voix et continuai d'appeler le prénom de mon amant avant qu'il ne disparaisse à la lisière de la clairière.

Puis mes yeux s'étaient ouverts. J'étais surprise de voir le visage de Jacob. Je ne comprenais pas tout de suite ce qu'il se passait. J'entendis la voix de mon père m'appeler. Je me tournai vers son visage et fis la navette entre les yeux pleins d'espoir de mon père et le visage dur de Jake. Je compris alors que ma bulle de bonheur dans cette clairière n'avait été qu'un songe éphémère. Ma gorge se serra et ma poitrine se comprima sous le manque d'air. Mes yeux me piquaient et je sentis les larmes prendre le contrôle. Je ravalai un sanglot étouffé et tentai de garder un visage serein face à mon père et mon… mari.

J'étudiai un moment le visage de ce dernier et décelai dans son regard un mélange de colère et de haine. Il ne souriait pas et tous ses muscles étaient tendus au maximum. Ca ne peut pas être de l'inquiétude ! Il se leva alors d'un bond et quitta ma chambre en bafouillant qu'il avait beaucoup de travail au garage et qu'il repasserait plus tard… Je restai complètement abasourdie par tant de mépris. J'essayai tant bien que mal de reconstituer ce que j'avais pu dire ou faire mais je ne voyais pas. J'étais réveillée depuis à peine cinq minutes. Comment ai-je pu gaffer en un laps de temps aussi court ? Je levai alors les yeux vers mon père et me mis à prendre peur lorsque j'aperçus cette petite ride qui se formait sur son front quand il était inquiet.
Je parcourus alors ma chambre du regard et ne vis qu'à ce moment-là mes deux amies en retrait dans un coin de la chambre. Elles avaient toutes deux la bouche grande ouverte. Merde mais qu'est-ce que j'ai bien pu dire ou faire pour que tout mon entourage me regarde comme si les petits hommes verts viennent de débarquer sur Terre ! Elles échangèrent ensuite un sourire complice. Ca, ce n'est pas bon du tout Bella ! Cours vite et ne te retourne pas !

Je voulais leur demander la raison de toute cette mascarade mais je n'avais pas pu avoir un moment seule avec elles durant ces trois derniers jours. Charlie s'évertuait à me couver comme une poule avec ses œufs. Ma mémoire m'était revenue par bribes de souvenirs lors de mon premier jour. Puis la nuit suivante, tout me revint à la figure comme un boomerang. La falaise, Edward, notre étreinte, ses dernières paroles… J'avais hurlé dans mon sommeil et les infirmières de nuit avaient accouru à mon chevet ne comprenant pas la raison de ces cris. J'avais ensuite sangloté toute la nuit durant. Le matin, j'avais la gorge enrouée par les larmes et les yeux aussi gonflés que deux tomates bien mûres. Charlie s'était inquiété de me voir en si mauvais état. Je l'avais rassuré en lui racontant que j'avais eu une crise de panique suite à un cauchemar. Ce qui en soit n'est pas vraiment un mensonge ! 

Les jours avaient passé et je ne parvenais pas à me sortir de cet état de léthargie dans lequel je m'étais plongée. Seules les visites de mes amis arrivaient à me distraire. Nous ne pouvions pas parler d'Edward en la présence de Charlie mais je devinais à leur regard qu'il se passait quelque chose de plus grave que ce qu'ils voulaient bien l'avouer. Le deuxième jour, nous avions profité de l'absence momentanée de mon père, qui était allé à la machine à café pour en parler brièvement.

Flashback

Rosalie était venue s'installer sur mon lit et je m'étais laissée aller contre son épaule. J'avais besoin d'évacuer toutes les larmes que je contenais depuis la veille.

- Ma chérie il faut qu'on te parle !
- Je ne veux rien entendre, je ne veux rien savoir.

Emmett s'était approché et avait pris ma petite main blafarde dans sa grosse patte d'ours.

- Ecoute Bella, je ne suis pas là pour te juger mais Edward et toi commettez une grave erreur en vous obstinant ainsi…
- C'est trop tard, il est parti, je l'ai perdu.

Un sanglot étouffé s'échappa de ma poitrine. Je vis alors Jasper s'avancer vers moi et se mettre à la hauteur d'Emmett.

- Bella je dois rentrer à New York plus tôt que prévu. Souhaites-tu que je lui transmette un message ?
- Non, mais… Ne lui dis rien…
- Bella il faut qu'il sache.
- Non Rose, je refuse qu'il revienne par pitié. Sa décision était prise sur cette falaise. Rien ne pourra changer ça…

Je m'étais effondrée dans les bras de ma meilleure amie qui me serrait aussi fort qu'elle le pouvait dans l'étau de ses bras. Je vis Alice se rapprocher de nous et me caresser les cheveux pendant que Rose me berçait comme une petite fille.

Fin du Flashback

Depuis ce jour, nous n'avions pas reparlé d'Edward. Le trou béant dans ma poitrine me rappelait sans arrêt mon erreur. Je n'avais pas revu Jake depuis que je m'étais réveillée. Mes journées se rythmaient suivant les visites de mon père et de mes amis. Emmett passait son temps à me faire rire. Je me sentais proche de lui malgré le fait que je ne le connaisse pas vraiment. Je le considérais un peu comme ce grand frère que je n'avais jamais eu. J'étais heureuse pour Rosalie. Il avait les yeux qui pétillaient à chaque fois qu'il posait son regard sur elle. Comme si elle est la huitième merveille du monde ! J'aurai tellement voulu voir ce regard dans les yeux d'Edward. Ne sois pas sotte ! Tu as vu ce regard et tu as préféré l'ignorer. Ne viens pas te plaindre maintenant ! Penser à lui serrait mon cœur à le faire exploser et ma conscience me jouait des tours.

Je savais pertinemment de quoi elles voulaient me parler. Ou plus précisément de qui ! Mais je n'étais pas prête à aborder ce sujet. Elles étaient toujours silencieuses et cela avait le don de me rendre folle. Je faisais la navette entre mes deux meilleures amies en attendant de savoir laquelle oserait se lancer.

- Bon Bella, je crois qu'il faut qu'on discute !

Rose bien sûr ! Qui d'autre ?

- Je t'écoute.
- Tu sais qu'Edward est reparti à New York.

Premier coup de poignard dans le cœur ! 

- Oui je le sais. Je te remercie, j'étais présente quand il m'a annoncé sa… décision.
- Tu sais aussi qu'il va épouser Tanya demain...

Deuxième coup de poignard dans le cœur !

- Bon Rose, où veux-tu en venir ? Je sais tout ce que tu es en train de me raconter alors abrège.
- Oh non, je ne vais pas abréger. Je vais même aller doucement, tout doucement…

Je soupirai et tournai mon regard pour rencontrer celui d'Alice.

- Toi aussi tu vas faire durer le plaisir ?
- Ecoute Bella, je crois que tu ne te rends pas bien compte de ce qui se passe autour de toi.
- Et que se passe-t-il autour de moi ?
- Enfin Bella, tu t'es jetée d'une falaise !

La voix de Rosalie avait été tranchante.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, j'ai… j'ai glissé, vous me connaissez moi et ma maladresse.
- Bella ? Bella, s'il te plaît regarde-moi !

Je fixai les yeux bleu glacial de Rose et je crus y lire beaucoup de douleur.

- Ose me dire dans les yeux que tu ne t'es pas jetée de cette maudite falaise.

Je ne pouvais pas lui répondre. Essayer de leur faire croire que j'étais tombée était une chose mais leur mentir délibérément en était une autre. Mon silence parla pour moi et Alice serra ma main dans la sienne. Sa douce voix s'éleva dans ma chambre.

- Bella, te rends-tu compte de ce que tu as fait ? Tu as pensé à nous ? A Charlie ?
- Non je… je ne… je ne pensais à rien ou plutôt si… je…

Ma voix s'étrangla dans un sanglot. Rosalie prit mon autre main libre et dessina de petits cercles sur la paume pour me calmer.

- Je pensais à ce qu'il m'avait dit… Ce soir-là, j'étais prête à tout arrêter… j'étais prête à rompre avec Jacob… mais il… il ne m'a pas laissé le temps de…

Je ne parvins pas à terminer ma phrase et laissai un flot de larmes envahir mon visage.

- Cette situation est plus que ridicule Bella. Alice a eu Jasper au téléphone et Edward est en train de se murer dans le même mutisme que toi.
- Que veux-tu que je fasse ?
- Il faut que tu ailles le voir…
- Mais Rose, je suis à l'hôpital et il y a des milliers de kilomètres qui nous séparent…
- Et c'est ce qui va t'arrêter ? Je t'ai connue plus courageuse que ça !
- Je ne peux pas y aller et gâcher son mariage. Il s'est effacé au mien, je ne peux pas lui faire ça.
- Mais il ne l'aime pas ! C'est toi qu'il aime ! Et toi tu l'aimes aussi !

Elle jeta un coup d'œil à Alice qui lui fit un hochement de tête.

- Bella, je ne pense pas que Charlie t'en ai parlé mais lorsque tu t'es réveillée… tu as prononcé le prénom d'Edward…

Quoi ? Tout commençait à se mettre en place dans ma tête. Voilà donc pourquoi Jake s'était enfui comme un voleur et qu'il n'était pas revenu me voir. Il devait être tellement blessé.
Edward… J'avais prononcé le prénom d'Edward. Je ne voulais pas qu'il parte, exactement comme dans mon rêve. Alice me sortit de ma rêverie.

- Je t'en conjure Bella, fais quelque chose. Ne gâchez pas vos vies. Tu nous as bien assez dit que l'amour était fragile et que les âmes sœurs étaient uniques. Ne laisse pas s'envoler la tienne.

Je méditais ses paroles quelques instants.

- Que puis-je faire ? 
- Ecoute, Rose et moi, on va organiser ton départ. Nous allons aller te réserver un billet d'avion pour New York au plus vite. Il ne nous reste plus beaucoup de temps.
- Mais comment vais-je partir de l'hôpital ? Charlie ne me laissera jamais sortir…
- Crois-moi ça ne sera pas un problème !

Je croisai le regard de Rose et l'interrogeai des yeux.

- Je crois que le petit infirmier de nuit qui s'occupe de toi le soir a comment dire… un gros faible pour moi.

J'émis un petit rire. Le premier de la journée !

- Tu es incorrigible. Et Emmett tu y penses ?
- Bien sûr… L'infirmier c'est juste pour la bonne cause. Laisse-moi donc faire ma BA.
- Vous êtes les meilleures amies qu'on puisse rêver d'avoir.

Alice reprit plus sérieusement.

- Nous t'aimons Bella, ne nous refais plus jamais ça…

Je hochai la tête et leur adressai un petit sourire qui devait plus ressembler à une grimace qu'autre chose.

- Et puis tu ne m'échapperas pas, j'ai encore bien trop de travail à faire avec toi.
- Avec moi ?

Elle hocha la tête

- Et lequel je te prie ?
- Des séances de shopping à gogo pour refaire ta garde robe…

Rose et moi éclatâmes de rire au ton enthousiaste d'Alice. Alice restera définitivement Alice ! C'était si bon de les retrouver et de savoir qu'elles ne m'en voulaient pas pour mon geste. Finalement, c'étaient elles qui avaient raison, depuis le début. Il fallait que je reprenne ma vie en main avant qu'il ne soit trop tard. J'allais aller voir Edward et lui avouer mes sentiments. Avant ça, il fallait que je passe mettre les points sur les « i » avec Jake. Il avait le droit à une explication. Je l'avais déjà beaucoup blessé, je ne pouvais pas partir comme une voleuse sans lui avouer ce que j'avais sur le cœur depuis presque deux semaines.

Rosalie et Alice prirent rapidement congé afin de préparer ma « fugue ». Je profitai de ce moment de solitude pour mettre mes idées en place dans ma tête afin de savoir ce que j'allais dire à Jake. Je devais taire certains détails de ma relation avec Edward. Je ne pouvais décemment pas lui avouer que j'avais fait l'amour avec Edward quelques heures après notre mariage, et ceci dans notre propre lit. Alice me téléphona en fin d'après-midi pour me dire que Rose et elle passerait me chercher vers 23h. Elle n'avait pas réussi à obtenir de vol avant celui de nuit. J'allais passer de longues heures dans cet avion. Cela te donnera matière à réfléchir Isabella ! Que vais-je lui dire ? Me rejettera-il ? Seul l'avenir nous le dira. C'est un risque à prendre Isabella. Tu lui dois bien ça après tout ce que tu lui as fait endurer. Comment as-tu pu être aussi stupide et égoïste ?

Je sortis de ma léthargie lorsque j'entendis quelques coups frappés à la porte. J'invitai la personne à entrer et souris lorsque je vis le visage de mon père dans l'encadrement de la porte.

- Papa.
- Est-ce que ça va ma chérie ?
- Depuis que nous nous sommes quittés il y a quelques heures ? Très bien !

Il me sourit timidement et enfonça ses deux mains dans ses poches. Pas bon ! Pas bon du tout ! Cela sent la discussion père/fille à plein nez. Pourvu qu'il ne découvre pas ce que je compte faire !

- Bella, je crois qu'il faut qu'on parle.

Décidemment ils se sont tous donné le mot aujourd'hui ! 

- Je ne sais pas très bien comment aborder le sujet avec toi, je retourne ça dans ma tête depuis des jours…

Mon père et moi n'avions jamais été de grands bavards et nous avions beaucoup de mal à exprimer nos sentiments. Il n'est pas mon père pour rien !

- Je t'écoute…

Il prit la chaise à côté de moi et s'assit avant de prendre ma main dans les siennes.

- Bella, j'ai du mal à croire que tu ais glissé de cette falaise.

Joue l'innocente Bella ! 

- Je ne comprends pas.
- Je sens que tu me caches quelque chose. J'avais déjà ce sentiment peu avant ton mariage. Tu… Tu n'es plus la même depuis deux semaines.

Charlie n'est pas flic pour rien non plus ! La poisse !

- Parle-moi Bella ! Je peux tout entendre de ta part mais le silence que tu m'imposes me rend malade !
- Je… Je ne sais pas quoi te dire.
- Qui est Edward ?
- Tu le sais, c'est le frère du petit ami de Rose…
- Oui je sais ça, mais qui est-il pour toi ? Et pourquoi tu as prononcé son prénom en te réveillant ?

Touché, coulé Isabella !

- Je… Je ne peux pas te l'expliquer…

Je baissai les yeux afin de ne pas croiser le regard de mon père. Lui mentir était trop difficile. Et pourtant la vérité lui aurait flanqué une crise cardiaque.

- Aimes- tu Jake ?

Non Charlie, pas ça… Ne me pose pas cette question…

- Bien sûr que je l'aime…

Mon père me regarda intensément et je crus un instant ressembler à Pinocchio ! Un sourire se dessina sur ses lèvres.

- Tu mens toujours aussi mal que lorsque tu avais dix ans Bella.

Je pensais sérieusement à lui décerner la médaille de la perspicacité. Il remonta une de ses mains vers ma joue et passa son pouce sur celle-ci en une douce caresse.

- Ma chérie, je ne veux pas te pousser dans tes retranchements mais je t'en supplie, ne remets plus jamais ta vie en danger.

Il baissa les yeux un instant et lorsqu'il les relevait, je pus apercevoir son regard brillant de larmes.

- J'en mourrais s'il t'arrivait malheur.

Je le ramenai à moi et le serrai dans mes bras.

- Pardon papa…
- Je t'aime plus que tout mon bébé. Je veux seulement te voir heureuse, c'est tout ce qui compte pour moi. Que ce soit avec Jake ou un autre, ça m'est égal. Je veux seulement ton bonheur Bella.

Je m'accrochai à ses épaules. C'était la première fois que Charlie se montrait aussi démonstratif. J'avais dû lui donner la peur de sa vie. Je m'en voulais terriblement pour ça. Nous restâmes dans les bras l'un de l'autre jusqu'à ce que nos larmes se tarissent. Il m'embrassa ensuite sur le front et prit congé afin de me laisser me reposer. Il m'apprit qu'il ne pourrait revenir me voir que le lendemain soir. Il avait accumulé beaucoup de retard dans son travail et il fallait absolument qu'il règle certaines choses. Je me sentais un peu coupable de fuguer sans l'avertir mais il était nécessaire que je le fasse.

Je regardai l'heure et vis qu'il était déjà 20h30 passé. Je me levai et m'habillai tant bien que mal avec mon bras dans le plâtre. Heureusement, j'avais échappé au pire. J'avais l'impression que mon corps devenait de plus en plus résistant à chaque chute ou à chaque accident. Allez Bella ! Encore une dizaine de catastrophes et tu seras aussi forte que Rambo ! 

J'avais beau me tourner dans tous les sens, je ne parvenais pas à enfiler ma chemise. Je devais même être ridicule à tourner en rond autour de moi-même dans le vain espoir d'y arriver. Le rire de clochette de ma meilleure amie me signala sa présence.

- Qu'est-ce que tu fabriques ? Tu t'entraînes déjà pour fêter ton diplôme ?
- Au lieu de te moquer, pourrais-tu s'il te plait Alice, aider une pauvre invalide ?
- Mais bien sûr très chère… Sauf que…
- Sauf que quoi ?
- Je refuse de t'aider à enfiler cette… horreur…

Je soupirai et basculai ma tête en arrière.

- Alice, je ne vais pas un défilé de mode New-Yorkais.
- Encore heureux ! Et de toute façon personne ne te laisserait entrer dans cet accoutrement.
- Mary Alice Brandon !

Elle grimaça. Elle détestait qu'on l'appelle par tous ses noms.

- Tiens je t'ai emmené des affaires.
- Mais Alice…
- On ne discute pas s'il te plaît. Tu n'auras que peu de temps avant la cérémonie et tu n'auras pas le temps d'aller te changer à l'appart. Et tu n'as aucune chance avec Edward dans cette tenue…
- Je suppose que ça ne sert à rien de discuter.
- Tu vois que tu peux être raisonnable de temps en temps.

Elle me confia le sac dans lequel elle avait mis les vêtements et me poussa dans la salle de bain. Je me changeai aussi rapidement que mon état me le permettait. Alice m'aida pour les boutons du chemisier et elle bouda quand je refusai de porter les chaussures à talons qu'elle m'avait apportées.

- Alice j'ai déjà un bras cassé. Je n'ai pas envie de risquer de perdre mes deux jambes en sortant de l'avion avec tes échasses.
- Crois-moi, ceci n'est qu'un sursis. Dès que tu seras de nouveau… entièrement fonctionnelle, je compte bien me charger de ton cas.
- Génial ! Je m'en réjouis d'avance.

Je lui lançai un sourire ironique pour appuyer ma dernière phrase. Nous stoppâmes tous nos gestes lorsque nous entendîmes la voix de Rosalie et celle de mon infirmier dans le couloir. Celles-ci se rapprochaient dangereusement de ma chambre.

- Que fait-on ?
- Attends, je vais voir.

Alice ouvrit discrètement la porte de la chambre et passa sa tête dans l'embrasure en prenant garde que personne ne la voit. Je passai ma tête au dessus de la sienne pour regarder aussi. Le spectacle qui s'y déroulait était à mourir de rire. Rosalie menait l'infirmier par le bout du nez. Le pauvre garçon bavait littéralement dans son décolleté. Il était dos à nous et ne pouvait pas nous voir. Lorsque Rosalie nous aperçut, elle nous fit un grand sourire.

- Et si nous allions prendre un café Mark ?
- Heu c'est Mike…

Elle ne répliqua pas davantage et partit bras dessus bras dessous dans un couloir opposé au nôtre. Alice et moi nous sourîmes et nous ne nous fîmes pas prier pour sortir de la chambre. Une fois en bas, Alice me conduisit jusqu'au taxi qu'elle avait commandé. Elle me confia également mon billet d'avion et un petit sac de voyage avec, selon elle, tout le nécessaire pour un périple à New York. Dieu ! Je ne veux même pas savoir ce qu'il y a là dedans ! Je lui souris et la pris dans mes bras.

- Merci Alice pour tout.

Son ton redevint sérieux.

- Bonne chance Bella. Empêche-le de faire une bêtise.
- Je vais essayer… je te le promets…
- Embrasse Jasper pour moi.

Je lui adressai un dernier sourire avant de monter dans le taxi. Je leur avais caché que je voulais passer voir Jake avant de partir. Elles m'en auraient dissuadé et même pire, elles m'en auraient empêché. Je traversai une partie de la ville, la boule au ventre, ne sachant comment lui annoncer que je le quittais. Je fis arrêter le taxi quelques minutes et sortit de l'habitacle. Lorsque j'entrais dans la maison, celle-ci était calme. Il n'est pas là ! Je consultai ma montre et vis que j'avais un peu de temps. Je décidai donc de faire un détour par le garage. Il devait certainement travailler tard. Une fois devant, je vis sa voiture et demandai une fois de plus au chauffeur de m'attendre quelques minutes.

Je descendis du véhicule et m'avançai lentement en direction du bureau. Celui-ci était verrouillé. Tiens bizarre ! Je fis alors le tour et rentrai dans l'atelier de réparation. Ce que j'y vis me coupa le souffle… Je poussai un cri de surprise. Jake se retourna vivement et eut un regard affolé quand il me vit.

- Bella…

De toute évidence, il ne s'attendait pas à ma visite. Logique Bella ! Sinon il ne serait pas en train de se taper Leah sur le capot d'une voiture ! Je ne lui laissai pas le temps de répliquer et retournai au taxi en courant. Je l'entendis jurer et essayer de me rattraper. Pas facile avec le pantalon en bas des chevilles ! Je ne voulais pas écouter ce qu'il avait à me dire maintenant. Je demandai au chauffeur de démarrer sans attendre et de m'emmener à l'aéroport, plus déterminé que jamais…

En débarquant à JFK, je me rendis compte que je tremblais comme une feuille. Je fus soudain prise de nausées et me précipitai aux toilettes. Durant tout mon vol, il me fut impossible de fermer l'oeil. Je devais avoir une tête à faire peur. C'est Alice qui serait contente de me voir avec d'énormes poches sous les yeux ! J'avais passé la nuit à appréhender ce moment. J'avais retourné la situation dans ma tête en long, en large et en travers pour savoir ce que j'allais bien pouvoir dire. Après avoir atteri, je passai pas les toilettes afin de me rafraichir le visage. Il était hors de question de prendre un petit déjeuner tellement mon estomac était noué par le stress. Je sortis et me dirigeai vers la file de taxi. J'en hélai un et montai à l'intérieur.

- Cathédrale Saint Patrick, je vous prie.
- Bien mademoiselle.

Je me calai dans mon siège et sortis mon portable de mon sac. J'appelai Alice et Rose pour les prévenir que j'étais bien arrivée. Elles me souhaitèrent bonne chance et me chargèrent d'embrasser leurs amoureux. Je décidai de ne pas leur parler tout de suite de ce que j'avais vu au garage. Je ne voulais pas risquer que Charlie soit obligé d'arrêter Rose pour meurtre ! A mesure que j'approchais de l'église, je sentis mon estomac se tordre dans tous les sens possibles. Je demandai au chauffeur de me déposer un peu plus loin. Je payai ma course et sortis du taxi, non sans une certaine appréhension. L'extérieur semblait calme et je redoutai soudain que la cérémonie ait déjà commencé. Mon cœur battait tellement fort que j'avais peur qu'il ne sorte de ma poitrine.

J'approchai lentement de la porte et posai ma main sur le battant. Courage Isabella ! Si tu n'ouvres pas cette porte, je te pourrirai l'existence jusqu'à la fin de tes jours ! Je pris une profonde inspiration et fis pivoter le lourd pan de bois. La fraîcheur de l'église me fit un bien fou. Je n'osais pas regarder encore le bout de la nef. Je me dirigeai discrètement vers les rangs du fond. La voix du pasteur s'éleva alors m'arrêtant dans ma progression. Les mots qu'il prononça me figèrent au milieu de l'allée centrale.

- Et vous, Edward Anthony Cullen, acceptez vous de prendre Tanya Denali, ici présente, pour légitime épouse, de l'aimer de la chérir, dans la joie comme dans le malheur, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la maladie comme dans la santé jusqu'à que la mort vous sépare ?

Ma gorge se serra et mon cœur battit plus fort. Trop tard ! Le silence qui suivit la question fatidique me redonna courage. Je serrai les poings et finis par lever les yeux pour empêcher ce mariage. Ce ne fut qu'à cet instant que j'entendis le murmure de la foule s'amplifier. Mon regard remonta l'allée pour tomber sur Edward. Il avait les yeux baissés et ne m'avait pas encore aperçue. Cependant, je le vis secouer la tête en signe de négation avant de reculer d'un pas. Il continua d'approcher de moi à reculons. Je retins mon souffle lorsque le regard de Tanya se posa sur moi. Celui-ci était rempli de haine. J'aperçus Emmett et Jasper ainsi que les parents d'Edward qui me souriaient. Le reste de l'assemblée était pétrifiée.

Lorsqu'Edward fut à ma hauteur, il se retourna et me bouscula. Aussitôt, ses bras enlacèrent ma taille pour rétablir mon équilibre. Il plongea son regard dans le mien et sembla perplexe. Il fronça légèrement les sourcils et ouvrit la bouche plusieurs fois. Cette bouche qui appelait au baiser, qui aurait pu tenter n'importe quel saint. Doucement, je levai une main vers son visage. Il tressaillit en sentant ma paume contre sa joue et un bref désespoir s'empara de moi. J'arrive trop tard ! Idiote ! Si tu arrivais trop tard, crois-tu qu'il aurait rebroussé chemin au moment de dire oui ? Une fois de plus, cette petite voix me rassura et j'adressai un tendre sourire à mon âme sœur. Il se détendit aussitôt et ferma les yeux avant d'inspirer mon parfum au creux de mon poignet. Un sourire en coin étira ses lèvres enchanteresses et je fus soulagée d'avoir ses mains autour de ma taille car mes jambes flanchèrent. Il rouvrit ses paupières et m'observa avec ses prunelles intenses. Il me serra un peu plus contre lui et se pencha vers mon oreille pour murmurer de son ténor délicieux :

- J'ai cru rêvé un instant.

Pour le rassurer de ma présence, je passai mes mains dans ses cheveux et je l'entendis gémir doucement. Le lieu où nous étions, les gens qui nous entouraient avaient complètement disparu.

- Jamais je n'aurais pensé ressentir cela de nouveau.

Il s'écarta de moi légèrement avant de pencher son visage vers le mien. Ses lèvres effleurèrent les miennes. Son parfum envoûtant et son haleine sucrée me firent tourner la tête et je resserrai mon emprise sur ses mèches cuivrées. Il sourit et déclara d'une voix veloutée :

- Isabella Swan, je vous aime…



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